Reuters, Paris, 6 décembre Par Elizabeth Pineau – France et Allemagne estiment que le dossier du nucléaire iranien continue à « représenter une menace » pour le monde, et qu’il faut y répondre par le dialogue et la fermeté.
Le 32e sommet informel entre le président Nicolas Sarkozy et la chancelière Angela Merkel a aussi été l’occasion de discuter du projet français de créer une Union méditerranéenne, à propos de laquelle Berlin a émis des réserves.
Lors d’une conférence de presse commune dans la salle des Fêtes de l’Elysée, Nicolas Sarkozy a affirmé qu’il n’entendait pas renoncer à l’éventualité de sanctions contre le régime de Téhéran, en dépit de la publication d’un rapport des agences américaines de renseignement selon lequel l’Iran aurait gelé son programme nucléaire militaire en 2003.
« Si les sanctions ont été votées et qu’elles ont permis l’amorce d’un dialogue (…) je ne vois pas au nom de quoi on devrait renoncer à des sanctions alors même que la question de l’accession au nucléaire militaire par les dirigeants iraniens reste posée », a souligné le chef de l’Etat.
La chancelière a affirmé elle aussi qu’à ses yeux, l’Iran « continu(ait) à représenter une menace ».
« Ce que le président iranien (Mahmoud Ahmadinejad, ndlr) a dit envers Israël est et reste inacceptable pour l’Allemagne » et « l’AIEA dit que la coopération de l’Iran en matière d’enrichissement est loin de ce qu’elle devrait être », a-t-elle expliqué.
« J’ai exactement la même position que Mme Merkel, qu’on peut résumer en deux mots : fermeté et dialogue », a renchéri Nicolas Sarkozy.
Invité à s’expliquer sur ses félicitations adressées au président russe Vladimir Poutine après la victoire de son camp aux élections législatives le week-end dernier, Nicolas Sarkozy a répliqué qu’il n’y avait, à ses yeux, « pas de quoi s’énerver » alors que de nombreux pays occidentaux ont émis des critiques sur le processus électoral.
Pour le président français, « personne de sérieux » ne peut contester « la popularité de M. Poutine » ni l’idée que le président russe ait gagné les élections.
« Personne non plus, moi le premier, ne conteste qu’il y a eu des problèmes et je l’ai dit à M. Poutine », a ajouté Nicolas Sarkozy.
UNION DE LA MÉDITERRANÉE
Durant leur heure et quart d’entretien, Angela Merkel et Nicolas Sarkozy ont aussi discuté de l’idée du président français de créer une Union méditerranéenne.
Angela Merkel a récemment fait part de ses inquiétudes, estimant que cela pourrait conduire à éloigner les pays ayant une rive méditerranéenne des autres, comme l’Allemagne, qui pourraient être tentés de se tourner vers l’Est.
Sur ce point, France et Allemagne « ont une réflexion qui est convergente », a assuré Nicolas Sarkozy, ajoutant qu’il n’était pas question « dans (s)on esprit de faire une deuxième Europe ».
« Je ne vois pas opposition mais au contraire volonté de l’Allemagne de participer pleinement à une initiative à laquelle je crois beaucoup », a-t-il fait valoir.
C’est pourquoi France et Allemagne vont « travailler pour une proposition commune visant à associer tous les pays européens qui le voudraient au processus d’Union de la Méditerranée, ma seule préoccupation étant qu’on n’aboutisse pas à un système où il y a tellement de gens que ça l’empêchera d’avancer ».
« Nous devons faire progresser ces deux approches de pair. Au même titre que la France s’intéresse à une coopération stratégique avec la Russie, l’Allemagne s’intéresse à une approche stratégique avec la Méditerranée », a expliqué pour sa part Angela Merkel.
A l’approche de la présidence française de l’Union européenne, au second semestre 2008, les deux dirigeants sont également convenus de consacrer les prochains rendez-vous franco-allemands à des thèmes précis.
La prochaine rencontre de type « Blaesheim » sera ainsi consacrée à la relance de l’Europe de la défense et le prochain conseil des ministres franco-allemand, aux questions de protection de l’environnement et de climat.
Après la conférence de presse, Nicolas Sarkozy et Angela Merkel devaient aller visiter l’exposition Gustave Courbet au Grand Palais, avant un dîner dans un grand restaurant parisien.