The Associated Press, 7 décembre – Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a ignoré vendredi les appels lancés par la secrétaire d’Etat américaine Condoleezza Rice en faveur de nouvelles sanctions contre l’Iran. Ce projet reste en effet défendu par les Etats-Unis, soutenus par l’ensemble de leurs alliés de l’OTAN, malgré la réévaluation de la menace nucléaire iranienne par le renseignement américain.
Mme Rice a déclaré, en marge de la réunion des ministres des Affaires étrangères de l’OTAN à Bruxelles, que ses discussions avec M. Lavrov étaient « une prolongation d’autres conversations que nous avons eues ». « Nous allons continuer le processus à deux voies », a-t-elle déclaré lors d’une conférence de presse, faisant référence aux sanctions et à la diplomatie.
« Cela (le rapport américain, NDLR) confirme tout à fait l’information que nous avons: qu’il n’y a pas d’élément militaire dans leur programme nucléaire. Nous espérons vraiment que ces négociations avec l’Iran continueront », a affirmé pour sa part M. Lavrov, après avoir rencontré Mme Rice.
M. Lavrov, qui s’oppose à la stratégie des Etats-Unis et de l’Union européenne sur l’Iran, maintient que la Russie n’a pas de preuve attestant que Téhéran a ou a eu un programme secret d’armements nucléaires. La Chine, un autre pays-clé dans ce débat, est également réticente au vote d’une nouvelle résolution sanctionnant l’Iran.
En dehors de la Russie et de la Chine, les trois autres membres permanents du Conseil de sécurité (Grande-Bretagne, France et Etats-Unis), ainsi que l’Allemagne, y sont favorables.
« C’est la pression internationale qui a amené les Iraniens à arrêter leur programme », a déclaré Mme Rice, avant de rencontrer M. Lavrov. « Cela montre qu’il faut maintenir la pression internationale. »
« L’Iran peut voir la main tendue de la communauté internationale si elle souhaite se joindre au mouvement contre la prolifération », a affirmé pour sa part le ministre britannique des Affaires étrangères David Miliband. « Mais si l’Iran persiste à défier la volonté du Conseil de sécurité des Nations unies, alors il devra y avoir de nouvelles sanctions. »
« On ne peut en rien conclure à une diminution de la menace », a affirmé à Paris le porte-parole de l’Elysée David Martinon, faisant référence au rapport américain. Selon lui, « les demandes de la communauté internationale sont plus que jamais pertinentes ».
« Pour nous, la négociation doit continuer pour qu’on puisse aboutir à une aggravation du régime de sanctions », a-t-il poursuivi, soulignant que « pour aboutir à des négociations fructueuses, il faut augmenter la pression sur l’Iran ». « La seule manière de faire, ce sont les sanctions. Pour nous le plus tôt est le mieux », a-t-il encore précisé.
« La menace nucléaire iranienne existe toujours », observait-on également au ministère français des Affaires étrangères. « L’Iran ne respectant pas ses obligations internationales, nous poursuivons avec nos partenaires l’examen de mesures contraignantes supplémentaires. »
A Bruxelles, Mme Rice avait espéré convaincre M. Lavrov que les nouveaux renseignements prouvaient l’intérêt d’une diplomatie sans concessions.
Les Etats-Unis ont été à l’initiative du vote de deux séries de sanctions contre l’Iran au Conseil de sécurité de l’ONU. Ils font actuellement pression pour un troisième jeu si l’Iran ne suspend pas son programme d’enrichissement d’uranium.
En plus de la réunion des chefs de la diplomatie de l’OTAN et de la rencontre avec M. Lavrov, Mme Rice a aussi vu son homologue israélienne Tzipi Livni à Bruxelles.
L’Etat hébreu croit que l’Iran continue à travailler d’arrache-pied pour fabriquer des armes nucléaires, malgré le dernier rapport américain sur la question. Vendredi, un responsable israélien de la Défense a affirmé que l’Etat hébreu soutenait la voie de la diplomatie, tout en laissant entendre qu’une frappe militaire contre l’Iran restait envisageable. De son côté, le régime iranien a souvent fait état de sa capacité à frapper l’Etat hébreu avec des missiles à longue portée. AP