Reuters, Manama, 8 décembre par Kristin Roberts L’Iran représente une menace pour les Etats-Unis et le Proche Orient, a affirmé samedi le secrétaire américain à la Défense Robert Gates, malgré le rapport des services de renseignement américains selon lequel Téhéran a suspendu en 2003 son programme nucléaire militaire.
Dans un discours prononcé lors de la conférence de sécurité de Manama, Gates a déclaré que l’Iran était toujours à même de relancer son programme nucléaire et poursuivait l’enrichissement d’uranium, nécessaire à la fois à un programme nucléaire militaire ou civil.
Il a également accusé l’Iran de soutenir activement les insurrections d’Irak et d’Afghanistan, ainsi que les groupes islamistes du Hamas et du Hezbollah, et de menacer la région entière par son programme de missiles.
« Où qu’on regarde, on voit que la politique de l’Iran consiste à alimenter l’instabilité et le chaos, sans considérations de valeur stratégique ou de coût en vies innocentes, chrétiennes, juives et musulmanes », a déclaré Gates.
« Il fait peu de doutes que leur politique étrangère de déstabilisation constitue une menace envers les intérêts des Etats-Unis, de tous les pays du Proche-Orient et de tous les pays à portée des missiles balistiques développés par l’Iran. »
« AUCUN OBSTACLE À LA REPRISE »
Gates a également souligné que le rapport des services de renseignement, le National Intelligence Estimate (NIE), n’écartait pas la possibilité que Téhéran ait repris son programme d’armes nucléaires. Les autorités iraniennes assurent que leurs activités nucléaires relèvent strictement du domaine civil.
« Le NIE le dit clairement: l’Iran garde la possibilité de relancer son programme d’armement nucléaire à tout moment, et j’ajouterais, s’il ne l’a pas déjà fait », a ajouté l’ancien directeur de la CIA.
« Bien que le NIE ne le dise pas, il n’y a aucun obstacle à la reprise du programme nucléaire militaire iranien. Aucun, à l’exception de la communauté internationale. »
Le secrétaire à la Défense a appelé les Etats voisins de l’Iran à envisager un système d’alerte commun destiné à détecter des tirs de missiles. Une telle mesure, a-t-il ajouté, pourrait dissuader l’Iran de poursuivre la mise au point de telles armes.
L’Iran, qui devait participer à cette conférence, a annulé sa participation.
Gates revenait d’une tournée en Afghanistan et en Irak, où le commandement militaire lui a assuré que l’Iran continuait à soutenir l’insurrection.
La République islamique dément avoir armé, entraîné et financé les milices chiites en Irak, comme l’en accuse l’administration Bush.
Selon Gates, les progrès en matière de sécurité en Irak sont réels mais fragiles. Il a appelé les Etats voisins à soutenir le gouvernement de Bagdad.
« Certains, peut-être, à cause de rancoeurs passées et de désaccords, se réjouiraient d’un échec. Je leur dis respectueusement que de tels sentiments sont dangereusement imprévoyants et autodestructeurs. »