AFP, Moscou, 18 décembre – Les premières livraisons de combustible nucléaire russe à l’Iran retirent à Téhéran son argument selon lequel il doit mettre au point ses propres capacités de production d’uranium enrichi, a estimé mardi l’ancien chef des inspecteurs nucléaires de l’ONU, Hans Blix.
« Si la Russie avait refusé de livrer du combustible à Bouchehr, je pense que les Iraniens auraient pu dire +vous voyez, nous avons raison, nous ne pouvons faire confiance à personne et il nous faut nos propres capacités+ » de production, a déclaré M. Blix en duplex depuis Stockholm.
« De ce point de vue-là, je comprends ces livraisons », a-t-il poursuivi, disant ne « rien voir dans les résolutions du Conseil de sécurité qui puisse faire obstacle » à ces exportations russes.
La Russie a annoncé lundi qu’elle avait commencé à livrer du combustible nucléaire à l’Iran pour la centrale de Bouchehr, « sous le contrôle » de l’AIEA, et réitéré l’appel à Téhéran à cesser tout enrichissement d’uranium.
M. Blix, ancien chef des inspecteurs nucléaires de l’ONU, a réitéré son appel à assurer un équilibre entre la « carotte » et le « bton » avec l’Iran soupçonné de vouloir se doter de l’arme nucléaire.
« Nous devons voir quelles sont les incitations positives, les carottes que nous pourrions utiliser avec l’Iran » notamment en « proposant l’ouverture de relations diplomatiques » avec les pays qui n’en ont pas avec Téhéran et par « des garanties de non attaque ».
« Le réacteur de Bouchehr doit être sous contrôle de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). Bouchehr ne m’inquiète pas », a déclaré de son côté à Moscou Rolf Ekeus, ancien chef des inspecteurs en désarmement de l’ONU.
« Avec les livraisons de combustible, l’Iran n’a pas de besoin urgent d’enrichir de l’uranium, c’est un argument très valable. Sa logique est forte », a déclaré pour sa part Uzi Arad, un ancien agent du Mossad et ex-conseiller en politique extérieure du Premier ministre israélien.
« Je n’ai presque aucun doute sur le fait que l’Iran a tout, sauf peut-être l’uranium enrichi » pour fabriquer l’arme nucléaire, a déclaré de son côté l’expert russe Vladimir Dvorkine de l’académie des sciences qui a participé à la préparation de traités internationaux sur les armements.