Au moins 13 pays de la région ont soit annoncé de nouveaux projets visant à explorer l’énergie atomique, soit relancé des programmes nucléaires préexistants entre février 2006 et janvier 2007, selon l’IISS.
Si ce regain d’intérêt pour l’énergie nucléaire reste balbutiant, des pays comme l’Arabie saoudite, l’Algérie ou l’Egypte pourraient bientôt vouloir égaler l’Iran sur le plan de l’atome. "Si le programme nucléaire de Téhéran n’est pas maîtrisé, il y a lieu de craindre qu’avec le temps il ne suscite une cascade régionale de prolifération parmi les voisins de l’Iran", avertit le rapport.
Israël, les Etats-Unis et d’autres accusent la République islamique de vouloir se doter de l’arme atomique sous couvert de programme nucléaire civil, ce que Téhéran dément. Les ambitions de l’Iran ont en tout cas incité presque tous ses voisins à établir leur propre programme en matière nucléaire.
La plupart de ces programmes sont encore peu élaborés, selon le rapport qui précise que les projets de nouveaux réacteurs dans la région ne devraient pas voir le jour avant 10 ou 15 ans et qu’ils sont motivés par des raisons diverses.
La Jordanie, la Maroc ou la Tunisie, qui ont peu de réserves d’énergie, sont animés par un désir d’indépendance énergétique sur fond de hausse des prix pétroliers. Mais les programmes nucléaires dans ces pays font face à des obstacles financiers majeurs, relève le rapport. Des questions environnementales pourraient aussi limiter leur développement: le site proposé par la Jordanie, près du golfe d’Aqaba, pourrait endommager l’écosystème local, par exemple.
L’Arabie saoudite, premier producteur mondial de pétrole, souhaite de son côté conserver un statut de puissance régionale, souligne l’IISS: le royaume wahhabite, rival sunnite de l’Iran chiite, n’a pas de réacteur, et pourrait chercher à l’imiter s’il se dote d’armes nucléaires.
D’autres pays comme l’Egypte ou la Turquie sont motivés par les prix élevés de l’énergie et une certaine méfiance à l’égard de l’Iran, selon le rapport. Ankara a annoncé en 2006 vouloir produire 5.000 mégawatts d’énergie nucléaire d’ici 2015, et l’Egypte a de son côté annoncé que son premier réacteur serait construit à El-Dabaa, sur la côte méditerranéenne.
La présence de la Turquie dans l’OTAN et ses perspectives d’adhésion à l’Union européenne y rendent peu probable l’hypothèse d’un programme nucléaire militaire, mais l’Egypte fait peu de choses pour dissiper "l’impression persistante qu’elle (…) garde l’option des armes ouverte", selon l’IISS.
Concernant la Syrie, le rapport souligne que son programme nucléaire civil a été en grande partie gelé. Alors que le pays a été la cible l’an dernier d’un raid israélien présenté comme destiné à détruire un programme d’armement nucléaire clandestin, le document juge peu probable que Damas cherche à fabriquer secrètement un tel arsenal alors qu’il possède déjà des armes chimiques.
Parmi les autres Etats mentionnés figurent l’Algérie, riche en uranium, et le Yémen, pays pauvre et politiquement instable, qui affiche des ambitions en matière de nucléaire civil alors même que selon l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) il ne dispose pas d’un réseau électrique suffisant.
Selon le rapport, les ambitions nucléaires militaires prêtées à l’Iran augmentent le risque que des programmes nucléaires civils soient détournés à des fins militaires. "Avec le temps, le programme iranien pourrait devenir un puissant moteur de prolifération, mû par les rivalités régionales, des craintes en matière de sécurité et l’émulation", selon le rapport.