Le directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a réaffirmé à l’ouverture d’une réunion du conseil des gouverneurs de l’agence que ces renseignements fournis par une dizaine de pays étaient un "sujet de profonde préoccupation".
L’Iran déclare que ces documents sont des faux mais n’a pas fourni les preuves de ces affirmations.
"L’Iran n’a toujours pas donné son accord pour appliquer toutes les mesures de transparence requises pour éclaircir cette somme d’allégations et d’interrogations", a constaté ElBaradeï lors de la réunion à huis clos.
"L’Iran n’a ni fourni à l’agence tous les accès aux documents et aux individus requis (…) ni fourni les explications substantielles requises pour appuyer ses déclarations", a ajouté le directeur général de l’AIEA, reprenant les conclusions du dernier rapport trimestriel de l’agence sur l’Iran, publiées le 26 mai dernier.
"L’agence croit comprendre que l’Iran pourrait disposer d’informations supplémentaires, en particulier sur les tests de matières hautement explosives et les activités relatives aux missiles, qui devraient éclairer davantage la nature de ses activités présumées", a déclaré Mohamed ElBaradeï.
Il a souligné que de tels éclaircissements étaient "cruciaux pour juger de la nature du programme nucléaire passé et présent de l’Iran", qui affirme que son programme est pacifique.
IRRITATION CROISSANTE
Dans son rapport du 26 mai, l’AIEA a annexé 18 documents contenant ces renseignements, une initiative exceptionnelle qui reflète l’importance attachée par l’agence à ces informations.
Les documents attirent l’attention sur les liens entre le processus de transformation de l’uranium, les tests d’explosifs et des essais en vue de la possible transformation d’un missile en vecteur d’arme nucléaire.
ElBaradeï a noté, à la décharge de l’Iran, que l’AIEA n’était pas en mesure de fournir des copies de ces documents à Téhéran. La raison, dit-on de sources diplomatiques, est que les Etats-Unis craignent d’exposer leurs sources.
"L’agence n’a reçu la plupart de ses informations (…) que sous une forme électronique et n’a pas malheureusement pas été autorisée à fournir des copies à l’Iran", a-t-il dit.
"La publication de documents non sensibles sur le plan de la prolifération, y compris ceux qui montreraient des liens entre les trois catégories d’études présumées, aiderait évidemment l’agence dans ses investigations."
Un haut diplomate occidental présent à la réunion de l’AIEA a jugé que le discours d’ElBaradeï se démarquait, par son caractère tranchant, de la rhétorique habituelle du diplomate égyptien, ce qui dénote selon lui l’irritation croissante de l’AIEA vis-à-vis de la République islamique.
Téhéran a laissé entendre dimanche qu’il pourrait limiter encore sa coopération avec l’AIEA en dénonçant ses conclusions selon lui dictées par les "pressions constantes" des puissances occidentales.