Tout juste de retour au pouvoir, le Cavaliere va offrir au président américain des règles d’engagement plus souples pour le contingent italien déployé en Afghanistan et une ligne dure sur l’Iran, en nette rupture avec la politique suivie par son prédécesseur de gauche Romano Prodi.
George W. Bush a entamé ses entretiens politiques à la mi-journée par une rencontre suivie d’un déjeuner avec son homologue italien Giorgio Napolitano.
Il avait auparavant dénoncé "la désinformation et la propagande" qui salissent l’image de son pays, lors d’une rencontre avec de jeunes entrepreneurs italiens qui bénéficient d’un programme d’échanges avec les Etats-Unis.
Un millier de personnes ont manifesté mercredi à Rome contre la visite de M. Bush en Italie, troisième étape de sa tournée d’adieux en Europe.
Il devait rencontrer M. Berlusconi dans l’après-midi avant une conférence de presse conjointe vers 19H30 (17H30 GMT).
"De Kaboul à Téhéran, l’Italie se repositionne en allié privilégié de Washington", soulignait jeudi le quotidien économique Il Sole-24 Ore.
"Que Barack Obama ou John McCain entrent à la Maison Blanche, l’Italie veut avoir ses papiers en règle pour établir avec le nouveau président cette relation spéciale construite de 2001 à 2006" par Berlusconi avec Bush, ajoute Il Sole.
De retour au pouvoir depuis un mois, Silvio Berlusconi, qui avait soutenu l’invasion de l’Irak dirigée par les Etats-Unis en mars 2003, espère le soutien de Washington pour entrer dans le "groupe 5 + 1" des grandes puissances chargées de négocier avec l’Iran sur le nucléaire.
Ce groupe est composé des cinq membres permanents du Conseil de sécurité (Grande-Bretagne, France, Chine, Russie, Etats-Unis) plus l’Allemagne.
Alors que Romano Prodi prônait le dialogue avec Téhéran, Silvio Berlusconi a affiché son intransigeance, refusant de rencontrer le président iranien Mahmoud Ahmadinejad présent à Rome la semaine dernière pour le sommet de la FAO.
A l’appui de sa requête pour entrer dans le groupe 5 + 1, l’Italie fait valoir qu’elle est le premier partenaire commercial européen de l’Iran et qu’elle serait parmi les pays les plus touchés en cas de nouvelles sanctions.
Le ministre italien des Affaires étrangères Franco Frattini a affirmé que Rome "peut compter sur les amis américains" sur ce dossier.
La Maison Blanche s’est cependant montrée très prudente, une conseillère adjointe à la sécurité nationale, Judy Ansley, s’interrogeant sur l’aspect "réaliste" de la requête italienne à laquelle Berlin s’oppose.
"L’Allemagne est contre l’entrée de l’Italie dans ce groupe qui préfigure à ses yeux le Conseil de sécurité de l’ONU de demain", a déclaré à l’AFP l’ex-ambassadeur italien Sergio Romano, éditorialiste au Corriere della Sera.
Sur l’autre dossier chaud de l’Afghanistan, Rome vient de s’engager à réduire le délai de réponse d’un éventuel engagement de ses soldats en dehors de leurs zones de compétence de 72 heures à 5/6 heures maximum.
Il semble peu probable en revanche que l’Italie augmente son contingent, actuellement d’environ 2.500 hommes déployés essentiellement à Kaboul et dans la région relativement tranquille d’Herat, dans l’ouest.
Vendredi, le président américain sera reçu par le pape Benoît XVI avant de quitter Rome pour Paris.