"La position de l’Iran est claire : aucune condition préalable à propos de la suspension de nos activités nucléaires ne peut être acceptée", a déclaré samedi matin le porte-parole du gouvernement Gholam Hossein Elham.
M. Solana, qui tiendra une conférence de presse à 14H30 GMT à Téhéran, a remis l’offre en fin de matinée au chef de la diplomatie iranienne, Manouchehr Mottaki, avant une rencontre dans l’après-midi avec le responsable du dossier nucléaire Saïd Jalili.
Dans un communiqué M. Mottaki a quelque peu nuancé les propos de M. Elham en mettant dans la balance un paquet iranien de propositions avancées pour régler "les grandes questions du monde".
Ce document de deux pages remis à l’ONU et aux grandes capitales à la mi-mai n’avait provoqué aucune réaction officielle des intéressés. Notamment parce qu’il propose d’établir en Iran même un consortium pour l’enrichissement d’uranium.
"La réponse de l’Iran à l’offre du 5+1 (cinq membres permanents du Conseil de sécurité et l’Allemagne) dépend de la réponse logique et constructive du 5+1 au paquet iranien", a dit M. Mottaki
Mais avant même la fin des entretiens de M. Solana à Téhéran, le président américain George W. Bush a dressé depuis Paris un constat d’échec de cette visite en se déclarant "déçu que les dirigeants aient rejeté cette offre généreuse".
Son homologue français Nicolas Sarkozy a ajouté, dans une conférence de presse commune, que "l’obtention par l’Iran de la bombe nucléaire est inacceptable".
Le président ultraconservateur Mahmoud Ahmadinejad avait pris les devant mercredi en affirmant que les grandes puissances n’arriveraient jamais à "faire reculer" l’Iran.
L’offre est une version remaniée de celle que M. Solana avait présentée il y a deux ans à l’Iran, et que ce dernier avait alors rejetée.
Elle est présentée au nom des cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU (Chine, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Russie) et l’Allemagne, dont les directeurs politiques de la diplomatie, à l’exception de l’Américain, accompagnent M. Solana.
Des députés conservateurs et des médias officiels iraniens ont critiqué la visite du diplomate en chef de l’UE.
L’agence Fars, réputée proche du président Ahmadinejad, y a vu un "scénario préparé à l’avance pour créer des obstacles sur la voie du progrès en matière nucléaire de l’Iran afin de priver le pays de ses droits légitimes".
Dans leur proposition, les grandes puissances "reconnaissent le droit de l’Iran à développer la recherche, la production et l’utilisation de l’énergie nucléaire à des fins pacifiques".
Ils proposent comme en 2006 d’aider l’Iran à se doter des technologies "les plus modernes" dans ce domaine, et de garantir son approvisionnement en combustible nucléaire.
Dans l’aviation civile, Washington est prêt, comme en 2006, à fournir les pièces détachées nécessaires pour améliorer la flotte vieillissante de Boeing iraniens, actuellement sous embargo.
Les Six proposent aussi de "normaliser les relations économiques et commerciales" avec Téhéran et de l’aider à jouer un rôle important dans la sécurité au Moyen-Orient.
Mais cette offre rappelle aussi que l’Iran doit se plier aux quatre résolutions du Conseil de sécurité –dont trois assorties de sanctions– exigeant la suspension de l’enrichissement d’uranium et une plus grande coopération avec l’Agence internationale de l’énergie atomique.
Le dernier rapport de l’AIEA s’est alarmé du refus de Téhéran de l’éclairer sur des aspects potentiellement militaires de son programme nucléaire.