L’administration américaine semble peu pressée d’ouvrir " un troisième front " (après l’Afghanistan et l’Irak), selon l’expression du chef d’état-major interarmées, l’amiral Michael Mullen. " Cette région du monde est extrêmement instable, a-t-il indiqué dans une conférence de presse mercredi. Il n’est pas besoin de la déstabiliser davantage. " Il y a quelques semaines, les journaux indiquaient même que le département d’Etat envisageait d’ouvrir une section d’intérêts à Téhéran, près de trente ans après la rupture des relations diplomatiques entre les deux pays.
" UN LANGAGE NOUVEAU "
La tension a remonté après la dernière visite de M. Olmert à Washington. Les responsables américains ne cachent pas que la fébrilité des Israéliens les inquiète. L’une des demandes israéliennes porte sur un point très concret : une autorisation de survoler l’Irak pour des frappes aériennes contre l’Iran. Quand il a tenu sa conférence de presse mercredi, l’amiral Mullen rentrait tout juste d’Israël. Alors que les médias américains, citant des sources anonymes, ont fait part d’une " probabilité grandissante " d’une attaque israélienne avant la fin de l’année, le chef d’état-major s’est refusé à tout commentaire.
Parallèlement, l’Iran souffle le chaud et le froid. En réponse aux menaces israéliennes, le chef des gardiens de la révolution, le général Mohammad Ali Jafari, a laissé entendre que la République islamique pourrait, en représailles, fermer le détroit d’Ormuz, stratégique pour les exportations de pétrole. Ce à quoi le commandant de la Ve flotte américaine, le vice-amiral Kevin Cosgriff, a répliqué que cet " acte de guerre " entraînerait une réponse américaine.
Le ministre des affaires étrangères, Manouchehr Mottaki, qui est arrivé à New York, a multiplié les interviews sur un ton modéré. " Nous percevons de nouvelles capacités, nous voyons la possibilité d’arriver à une solution à multiples facettes ", a-t-il déclaré, expliquant que Téhéran était en train d’" examiner " la nouvelle offre de coopération présentée par le diplomate en chef de l’Union européenne, Javier Solana, le 14 juin. " Nous donnerons notre réponse prochainement ", a-t-il promis. Le ministre n’a pas évoqué la formule dite " gel contre gel " par laquelle l’ONU suspendrait certaines de ses sanctions pendant que l’Iran gèlerait temporairement son programme d’enrichissement, ce qui permettrait de créer un climat plus propice aux négociations.
" Nous entendons de Téhéran un langage nouveau, a déclaré, mercredi, l’ambassadeur britannique à l’ONU, John Sawers, selon l’Agence France-Presse. Nous ne savons pas encore ce qu’il veut dire. " Dans une administration américaine toujours parcourue de tendances contradictoires, l’ambassadeur Zalmay Khalilzad s’est montré prudent. " Nous devons voir s’il y a un réel changement, a-t-il estimé, ou si c’est une tentative de masquer une politique dure. "
Corine Lesnes