AFP, Téhéran, 4 février – Un haut dignitaire religieux iranien a mis en garde vendredi les négociateurs iraniens dans le dossier nucléaire contre la Grande-Bretagne, accusée de recourir à la « ruse » pour forcer l’Iran à abandonner sa technologie sensible. « En réalité, les Anglais sont le père du Grand Satan », a déclaré l’ayatollah Ahmad Janati lors de la prière hebdomadaire musulmane à Téhéran, utilisant le terme employé par les conservateurs iraniens pour désigner les Etats-Unis.
Les Britanniques sont « maîtres dans le domaine de la ruse, donc nous devons être très prudents », a-t-il ajouté.
« Les Anglais disent ‘la politique d’intimidation des Etats-Unis n’est pas nécessaire, nous ferons reculer l’Iran pas à pas' », a dit M. Janati, membre du Conseil des Gardiens, un organisme de contrôle très puissant.
Les Etats-Unis accusent l’Iran de fabriquer l’arme atomique sous couvert d’un programme nucléaire civil, ce que Téhéran dément catégoriquement.
En novembre, la république islamique a accepté la suspension de toutes ses activités liées à l’enrichissement ou au retraitement d’uranium contre une promesse de la France, l’Allemagne et la Grande-Bretagne (UE3) d’une coopération technologique et commerciale.
L’Iran souhaite cependant que cette suspension soit temporaire alors que les trois Européens exigent qu’elle soit permanente. Des pourparlers entre l’Iran et l’UE3, qui bloquent précisément sur cette question, doivent se poursuivre la semaine prochaine à Genève.
S’adressant aux Etats-Unis, M. Janati leur a demandé de calmer leur rhétorique violente à l’égard de Téhéran, avertissant que « plus l’Iran est menacé, et plus les Iraniens conserveront leur animosité envers l’Amérique ».
Dans son discours mercredi sur l’état de l’Union devant le Congrès, le président américain George W. Bush a affirmé que l’Iran « restait le principal Etat dans le monde à soutenir le terrorisme » et accusé ce pays de « vouloir se doter d’armes nucléaires tout en privant son peuple de la liberté ».
Sa secrétaire d’Etat Condoleezza Rice a déclaré vendredi à Londres qu’une attaque contre l’Iran « n’est pas à l’ordre du jour en ce moment » et que les Etats-Unis privilégient la diplomatie pour amener l’Iran à respecter ses obligations nucléaires.
S’agissant des élections générales tenues dimanche en Irak, M. Janati a estimé que « chaque vote (…) était un grand ‘non’ aux Etats-Unis, signifiant qu’ils devraient quitter » ce pays. « Mais je dis aux Irakiens que les Etats-Unis ne partiront pas et qu’il faut que vous les en chassiez », a-t-il dit.
Nucléaire: un dignitaire iranien accuse la Grande-Bretagne de « ruse »
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