AFP, Ispahan, 30 mars – Le président iranien Mohammad Khatami a affirmé que son pays n’abandonnerait pas son programme d’enrichissement d’uranium, à l’occasion d’une visite mercredi à des sites nucléaires ouverte pour la première fois à la presse.
« Malgré les pressions de tous bords pour la priver de technologie nucléaire pacifique, la République islamique est sur le point de produire du combustible (nucléaire) », a dit M. Khatami après une visite à deux centres clés du programme nucléaire iranien.
Il a affirmé que dans ses négociations avec la Grande-Bretagne, la France et l’Allemagne, l’Iran avait proposé de limiter l’enrichissement de l’uranium dans le cadre d’une « phase pilote ».
« Nous avons offert une proposition détaillée aux Européens qui l’examinent. Il s’agit d’une proposition avec plusieurs étapes », a-t-il ajouté. Mais « nous allons certainement continuer l’enrichissement ».
Quelque 50 journalistes locaux et étrangers ont accompagné M. Khatami dans sa visite d’une usine d’enrichissement à Natanz, à 270 km au sud de Téhéran, et d’une installation de transformation de l’uranium dans la ville proche d’Ispahan.
Téhéran assure que son programme nucléaire a pour seul but de produire de l’électricité, mais les Etats-Unis affirment que si l’Iran continue à enrichir l’uranium à quelque échelle que ce soit, il finira par être en mesure de se doter de la bombe atomique.
L’Iran a gelé ses activités d’enrichissement, en attendant le résultat des négociations avec les trois Européens qui lui offrent, si elle abandonne l’enrichissement, une coopération dans les domaines du commerce, de la technologie et de la sécurité.
« Nous n’abandonnerons pas les activités nucléaires pour aucune récompense », a affirmé M. Khatami, estimant « intolérable que des centaines de jeunes scientifiques qui se sont sacrifiés pour cette technologie abandonnent leurs activités pour une longue période ».
« Dans le proche avenir, avec l’aide de Dieu et avec la compréhension de la communauté internationale, nous commencerons nos activités légitimes dans chaque domaine et nous achèverons ce que nous avons fait jusqu’ici », a-t-il dit.
A Natanz, le vice-président de l’Organisation iranienne de l’énergie atomique, Mohammad Saïdi, a assuré que « les personnes participant à ce projet son frustrées par cette suspension ».
« Elles comptent sur un accord avec les Européens afin que toutes les activités puissent reprendre. L’Iran a le droit d’enrichir », a-t-il dit, assurant que l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) surveillait étroitement cette installation.
« Nous voulons produire du combustible nucléaire. L’Iran demande simplement, mais clairement, de pouvoir faire comme le Japon, l’Allemagne ou le Brésil », a-t-il dit aux journalistes, qui ont reçu des explications sur la construction antisismique de l’usine.
Natanz est au coeur du programme nucléaire. C’est après la diffusion par des télévisions américaines en décembre 2002 de photos satellites de cette usine et d’une autre située non loin, à Arak, que la communauté internationale avait pris conscience de l’état d’avancement de ce programme.
Téhéran refuse de renoncer définitivement à l’enrichissement, arguant que le Traité de non-prolifération l’autorise à produire le combustible de ses futures centrales électriques nucléaires.
Des dizaines de batteries antiaériennes sont visibles dans les environs de l’usine, semblant témoigner de l’inquiétude iranienne face à l’éventualité d’une attaque israélienne ou américaine contre ses installations.
La journaliste de l’AFP n’a vu aucune centrifugeuse (appareil utilisé pour enrichir l’uranium). Les journalistes n’ont eu accès qu’à un nombre limité de salles de Natanz.
« Nous n’avons rien de secret en sous-sol », a assuré le responsable de la construction du centre, Ehsan Monajemi. Selon lui, la prochaine inspection de l’AIEA in situ est prévue dimanche.
Le groupe s’est ensuite rendu à une autre installation nucléaire près d’Ispahan.