Le Nouvel Observateur, 30 aout – VIENNE (Reuters) – L’Iran a plus que doublé sa capacité d’enrichissement d’uranium sur son site souterrain de Fordow en mai, passant de 1.064 à 2.140 centrifugeuses, indique jeudi le rapport trimestriel de l’Agence internationale de l’énergie atomique.
En dépit des pressions occidentales et de la menace d’une attaque israélienne, l’Iran est en train d’augmenter rapidement sa capacité d’enrichissement de l’uranium sur le site de Fordow, souligne l’AIEA.
L’agence onusienne précise néanmoins que ces nouvelles installations ne sont pas encore opérationnelles. Ce site, construit sous la montagne afin de mieux le protéger d’éventuelles attaques ennemies, peut contenir 3.000 centrifugeuses.
La République islamique est soupçonnée par l’Occident de chercher à se doter de l’arme nucléaire sous couvert d’un programme nucléaire civil, ce que Téhéran a toujours démenti.
Dans son rapport, l’agence indique aussi que des bâtiments ont été démolis et de la terre enlevée sur le site du complexe militaire de Parchin que l’AIEA veut inspecter, ce que les diplomates occidentaux considèrent comme un effort résolu de la part de Téhéran pour nettoyer toute preuve de tests liés à des activités nucléaires illicites.
Ces « activités soutenues » observées à Parchin sont susceptibles de gêner le travail d’enquête, indique l’AIEA, le jour où celle-ci sera autorisée à se rendre sur place.
L’agence répète qu’elle a besoin d’accéder à ce site « sans nouveau délai », afin d’établir s’il a servi au développement de l’arme nucléaire.
Le bâtiment, dont l’AIEA estime qu’il abrite une chambre en acier pour la pratique d’essais d’explosions, a été comme voilé, indique le rapport, ce qui pourrait être une tentative d’en dérober la vue aux caméras des satellites.
A Washington, la Maison blanche a indiqué que les Etats-Unis avaient clairement fait savoir à l’Iran qu’il disposait d’un temps limité pour mettre fin à ses activités nucléaires et que les conditions diplomatiques présentées par l’Occident ne resteraient pas sur la table indéfiniment.
« Nous étudions attentivement les détails du rapport, mais pour parler de façon générale, il n’est pas surprenant que l’Iran continue à violer ses obligations », a déclaré le porte-parole de la Maison blanche, Jay Carney.
Le rapport de l’AIEA risque de conforter le sentiment répandu en Israël -qui considère le programme nucléaire iranien comme une menace pour son existence- que le durcissement des sanctions économique contre Téhéran n’empêchent pas le pays de poursuivre son programme.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a annoncé jeudi qu’il évoquerait les dangers du programme nucléaire iranien lors d’un discours le mois prochain à l’Assemblée générale des Nations Unies à New York.
Le Guide suprême de la République islamique, Ali Khamenei, a une nouvelle fois affirmé jeudi que l’Iran ne cherchait pas à se doter de l’arme atomique mais qu’il ne renoncerait pas à son droit d’exploiter pacifiquement l’énergie nucléaire.
Dans son rapport, l’AIEA indique aussi que Téhéran a fabriqué 189 kg d’uranium hautement enrichi depuis 2010, contre un chiffre de 145 kg donné dans le précédent rapport en mai.
L’enrichissement d’uranium peut servir à la fois des objectifs civils ou militaires, en fonction du degré de l’enrichissement.