Appel à la nécessité de faire juger les dirigeants du régime des mollahs pour crime contre l’humanité
Lors d’un enregistrement audio rendu public hier par le bureau officiel de l’ayatollah Hossein-Ali Montazeri, ancien dauphin désigné de Khomeiny, Montazeri tient des propos saisissants sur le massacre de plus de 30 000 prisonniers politiques en 1988 sur ordre de Khomeiny.
Montazeri qualifie ce massacre de « crime le plus terrible commis en république islamique ». Il précise avec colère à ses interlocuteurs : « A mon avis le crime le plus terrible perpétré en république islamique depuis la révolution a été commis par vous (…) Le plus grand crime en république islamique pour lequel l’histoire va nous condamner a été perpétré de vos mains. Et vous serez considérés parmi les criminels de l’histoire. Sans façon. »
Le site précise qu’après avoir pris connaissance de ces exécutions, Montazeri (alors successeur de Khomeiny) a écrit deux lettres à Khomeiny pour les faire cesser. Le 15 août 1988 il a rencontré Hossein-Ali Nayeri (le juge religieux), Morteza Echraghi (le procureur), Ebrahim Raïssi (le vice-procureur) et Mostafa Pour-Mohammadi (représentant du ministère du Renseignement, le Vevak). C’est l’enregistrement des conversations de cette rencontre qui dure une quarantaine de minutes qui vient d’être rendu public pour la première fois. 28 ans après le massacre, il s’agit d’un document sans appel contre les responsables du régime.
Les interlocuteurs de Montazeri sont les membres de ce qui est communément appelé « la commission de la mort » qui avait été chargée par Khomeiny de réexaminer les dossiers des prisonniers politiques et de faire exécuter tous ceux qui continuaient à défendre leurs convictions, en particulier les Moudjahidine du peuple d’Iran (OMPI). A la suite de cette décision plus de 30 000 prisonniers politiques, dont la plupart étaient membres ou sympathisants de l’OMPI, ont été exécutés dans une période de trois mois seulement. Ces exécutions ont commencé le 27 juillet 1988. La rencontre dont l’enregistrement vient d’être rendu public, a donc eu lieu trois semaines après le début de ce massacre qui a duré jusqu’à l’automne 1988.
Montazeri a été démis de ses fonctions de successeur du guide suprême après la publication de ses lettres de protestation à Khomeiny et a été assigné à résidence jusqu’à la fin de sa vie. Il est décédé le 20 décembre 2009.