Par Jubin Katiraie
Un groupe de défense des droits humains a publié les dossiers de 100 auteurs de violations des droits humains en Iran dans le premier volume d’une série intitulée « Le visage du crime », qui déclare que plusieurs personnes au pouvoir en Iran, notamment le Guide Suprême Ali Khamenei, le président des mollah Hassan Rohani et le chef du pouvoir judiciaire, Ebrahim Raïssi, sont coupables de crimes contre l’humanité.
Sur la liste des personnes citées par Justice for Iran (JFI), 25 travaillent pour des entités placées sous la supervision directe de Khamenei, tandis que 50 autres exercent des fonctions judiciaires, 36 autres occupent des fonctions gouvernementales et l’un est membre du Parlement. Parmi les autres noms notables figurant sur la liste figurent, on retrouve ceux de l’ancien chef du pouvoir judiciaire, Sadeq Amoli Larijani et de l’ancien Premier ministre, Mir Hossein Mousavi.
Selon la JFI, seules 41 des personnes citées jusqu’à présent ont été tenues responsables de leurs crimes au niveau international (aucun d’entre eux n’a été inculpé au plan national) et se sont vus interdire de voyager en Europe et en Amérique du Nord, leurs avoirs extérieurs étant gelés
Les personnes figurant sur la liste sont accusées d’une grande variété de violations des droits humains allant du meurtre à la torture, des assassinats à la répression de dissidents pendant des décennies, de tortures sexuelles au massacre de prisonniers politiques en 1988.
JFI, une organisation de défense des droits humains non gouvernementale, a pour mission de dénoncer les violations des droits humains commises en Iran et les auteurs de ces actes. Dans leur prochain livre, ils présenteront 400 autres auteurs de violations des droits humains en Iran.
LE MASSACRE DE 1988
Le massacre de 30 000 prisonniers politiques en 1988 est largement considéré comme le plus grand crime contre l’humanité depuis la Seconde Guerre mondiale, mais aucun des auteurs de ce massacre n’a jamais été traduit en justice. En fait, beaucoup occupent aujourd’hui des postes clés du pouvoir en Iran et sont félicités par d’autres membres du régime pour leurs crimes.
L’année dernière, Amnesty International (AI) a publié sur le massacre un rapport de 200 pages intitulé « Des secrets sanglants : Pourquoi les massacres perpétrés en 1988 dans les prisons en Iran sont des crimes continus contre l’humanité ? », et a appelé les Nations Unies à « ouvrir une enquête indépendante » sur le massacre et la dissimulation ultérieure des crimes.
Philip Luther, directeur de la recherche et du plaidoyer pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord d’Amnesty International, a déclaré : « Ces secrets sanglants du passé de l’Iran continuent de hanter le pays à ce jour. Ce rapport dévoile le réseau de dénégations et de distorsions que les autorités de Téhéran perpétuent depuis plus de trente ans, tant à l’intérieur du pays qu’à l’international, afin de dissimuler le fait qu’ils ont systématiquement tué des milliers de dissidents politiques en l’espace de quelques semaines entre fin juillet et début septembre 1988. »
Luther a déclaré : « Au lieu de poursuivre leurs attaques cruelles contre les familles, les autorités de Téhéran devraient garantir leur droit à la vérité, à la justice et à réparation, notamment en rendant les corps des victimes et en identifiant les dépouilles en permettant l’exhumation professionnelle des fosses communes et des analyses d’ADN. »