Washington et ses partenaires européens se sont montrés moins insistants sur la date-butoir stricte de samedi, fixée au départ pour que l’Iran donne une réponse claire aux mesures de coopération économique et politique proposées par les Occidentaux, en échange d’une suspension de ses activités nucléaires sensibles.
"Je n’ai pas compté les jours, la réponse va arriver bientôt", a déclaré jeudi à la presse le porte-parole du département d’Etat américain, Sean McCormack.
Côté européen, on souligne qu’il est "clair que la réponse iranienne doit se faire dans les prochains jours" mais que l’échéance donnée à Téhéran n’était pas au jour près, selon une source diplomatique à Bruxelles.
Lors de discussions le 19 juillet à Genève, les Etats-Unis et cinq autres grandes puissances avaient donné à l’Iran un délai de deux semaines, qui s’achève samedi.
L’Iran a toujours rejeté l’idée d’un ultimatum. La secrétaire d’Etat américaine Condoleezza Rice avait toutefois prévenu que de nouvelles "sanctions" seraient décidées si le gouvernement iranien ne donnait pas une réponse claire dans les temps.
Or, non seulement le département d’Etat n’a pas parlé d’échéance stricte jeudi, mais M. McCormack a affirmé qu’il n’y avait "aucune indication" d’une telle décision. Washington a en outre rompu avec la politique du passé en envoyant pour la première fois le numéro 3 du département d’Etat William Burns aux discussions de Genève.
Des responsables américains ont expliqué que Washington voulait encourager ceux qui, en Iran, étaient enclins à coopérer avec l’Ouest afin de soulager la pression économique et financière en Iran, déjà frappé par trois trains de sanctions de l’ONU.
Selon Gary Sick, un expert de l’Iran, Washington comme Téhéran montrent un plus grand désir de mettre fin à une confrontation qui suscite des craintes de conflit militaire.
"Aucune des deux parties ne veut montrer qu’elle perd la face, ou qu’elle cède (devant) l’autre partie, mais les deux cherchent à trouver un moyen de sortir de cette impasse", a-t-il dit devant le Conseil des relations internationales (CFR).
Il a estimé qu’un "changement de part et d’autre" est le souhait de Washington, première étape vers la restauration des relations diplomatiques interrompues il y a près de 30 ans.
Selon lui, les Etats-Unis ont admis que leur récente politique visant à isoler l’Iran avec des sanctions toujours plus dures n’était pas parvenue à forcer Téhéran à interrompre son programme d’enrichissement d’uranium.
Avec l’Allemagne, la Chine, la France, la Grande-Bretagne et la Russie, les Etats-Unis ont adopté le 19 juillet une approche plus conciliante vis-à-vis de Téhéran. Ils ont proposé l’idée d’un "gel pour gel", où les Iraniens accepteraient dans un premier temps de maintenir l’enrichissement d’uranium à son niveau actuel tandis que les Six renonceraient à durcir leurs sanctions.
"La situation aujourd’hui est que nous voulons une réponse claire à la question que (le haut-représentant de l’UE Javier) Solana a posé à Genève", indique-t-on de source diplomatique à Bruxelles.
"Pour l’instant, la réponse iranienne n’a pas été suffisamment claire", ajoute-t-on. De même source, on refuse de spéculer sur d’éventuelles actions en cas de réponse insuffisante de Téhéran.
"On verra à ce moment-là", souligne-t-on, en rappelant que les Six suivent depuis le début une "double approche" de sanctions/dialogue et que, donc, les Iraniens s’exposeraient au risque de nouvelles sanctions à l’ONU.