Il faut rappeler quil existe, à lheure actuelle, deux, voire trois, types de pressions économiques sur Téhéran (décidées en réaction contre la reprise, par Téhéran, de ses activités nucléaires, en août 2005) :
– Les sanctions onusiennes. Trois résolutions ont été votées par le Conseil de Sécurité de lONU depuis décembre 2006. Elles sont ciblées et visent à interdire toute forme de commerce ou de transaction financière lié au programme nucléaire iranien.
– Les sanctions parallèles. A linitiative de Washington, une asphyxie bancaire est à luvre. Le Trésor américain a coupé toute relation entre le système financier américain et les banques iraniennes Saderat et Sepah.
– LAmérique a également fait pression sur de nombreuses banques européennes pour quelles cessent de travailler avec lIran. Certaines entreprises qui ont dimportants intérêts aux Etats-Unis réfléchissent également par deux fois avant de se lancer dans de nouveaux projets avec lIran (voir larticle du Figaro, « Les entreprises françaises plus prudentes »).
Mais comme le remarque léconomiste Thierry Coville, spécialiste de lIran, dans une analyse publiée cette semaine dans Les Echos, la croissance iranienne na, pour linstant, pas été affectée par ces sanctions. En partie, bien sûr, grâce aux recettes pétrolières (au beau fixe) qui permettent de gonfler les recettes de lEtat et de compenser les pressions extérieures. A cela sajoutent les « astuces » iraniennes qui permettent, pour linstant, de contourner les sanctions : circuits de paiement informels comme le « hawala », partenariat avec des entreprises basées à Dubaï, etc Autant de techniques qua pu constater, sur place, Jacques Manlay, lancien patron de Peugeot à Téhéran (« En dépit des sanctions, les affaires continuent »).
Ces sanctions, concède Thierry Coville, pénalisent pourtant les importateurs et exportateurs iraniens. Ne pouvant plus travailler avec certaines banques européennes, qui ont suspendu leurs activités avec lIran, ils sont obligés de recourir à tous ces détours, qui coûtent chers. Et qui, par conséquent, font monter les prix.
A moyen et long terme, ces sanctions vont ralentir le développement des champs pétroliers et gaziers (qui en ont pourtant bien besoin), car il devient aujourdhui plus délicat de décrocher dimportants investissements, et de faire parvenir certains équipements Or, lIran dépend fortement de ces ressources pour son économie.
Mais là encore, le régime iranien a, pour lheure, trouver la solution. Il se tourne de plus en plus vers lEst. Les Chinois, par exemple, sintéressent au pétrole iranien. Et, en retour, la part de marché des Européens en Iran est en net recul. A titre dexemple, rappelle Coville, « en 2004, avec 8,1 % de part de marché et près de 2,7 milliards d’euros d’exportations, la France disposait en Iran de la 3e part de marché. En 2007, elle ne fait plus partie des cinq premiers exportateurs dans le pays ».