The Washington Times
De Katie Stuhldreher
Le soutien suspecté de lIran pour les attaques récentes du Hezbollah contre Israël pourrait détruire la solidarité de la communauté internationale autour du programme nucléaire de lIran, ont déclaré des experts hier.
« La communauté internationale a placé lIran dans une situation difficile en sunifiant ces derniers mois comme elle ne la jamais fait auparavant autour de la question nucléaire. Mais plus le conflit au Liban sintensifie, plus il y a de chances que la coalition en sorte affaiblie », a affirmé Kenneth Pollack, membre de la Brookings Institution et ancien expert sur le Moyen-Orient à la CIA.
M. Pollack a déclaré lors dune conférence de presse que le conflit actuel entre le Hezbollah et Israël au Liban pourrait donner une excuse à lIran pour éviter de répondre à loffre internationale promettant des avantages en échange de la suspension de son programme nucléaire. Il pourrait également diviser les Etats-Unis, lEurope, la Russie et la Chine sur la question et permettre aux ambitions nucléaires iraniennes de progresser, a-t-il averti.
« Israël fait tout son possible pour affaiblir lIran en détruisant le Hezbollah », a déclaré Martin Indyk, ancien ambassadeur américain en Israël. Mais la communauté internationale doit jouer son rôle en restant unie et en reconnaissant que « le soutien de lIran au terrorisme et son programme nucléaire sont les deux facettes dun même problème et quelle doit y apporter une solution » , a-t-il dit.
Philip Gordon, membre de Brookings et ancien directeur des affaires européennes au Conseil de sécurité nationale, a affirmé que le conflit au Moyen-Orient pourrait annuler les progrès réalisés récemment dans la coopération transatlantique au sujet du programme nucléaire. Les radicaux aux Etats-Unis pourraient être contrariés par lapproche de lEurope, a-t-il ajouté.
« Ces derniers mois, ladministration Bush a entrepris un changement radical dans sa politique en travaillant main dans la main avec les Européens et en offrant des carottes à lIran. Avec les hostilités actuelles entre le Hezbollah et Israël, dont lIran est responsable selon les USA, la position radicale est en train de se réaffirmer », a expliqué M. Gordon.
Il a ajouté que les Européens pourraient rompre avec la politique de lAmérique en raison de son soutien sans appel à la réponse militaire dIsraël contre les attaques du Hezbollah, considérée comme disproportionnée par beaucoup dEuropéens.
La Russie représente une autre menace à lunité de la coalition, ont déclaré les experts.
« La Russie est schizophrène sur cette question. Elle ne veut pas sacrifier ses perspectives économiques avec lIran et ne veut pas passer pour une marionnette entre les mains de lAmérique, même si elle reconnaît que lIran constitue une menace à la sécurité », a déclaré Carlos Pascual, membre de Brookings et ancien haut responsable du département dEtat.
Il a affirmé que le président russe Vladimir Poutine ne voulait pas établir de liens entre le soi-disant mauvais comportement de lIran dans le conflit libanais et son programme nucléaire car il préférait résoudre le problème atomique de façon à éviter les sanctions et à permettre à Moscou de conserver sa bonne entente avec Téhéran.
Jeffrey Bader, ancien secrétaire dEtat adjoint pour les affaires est-asiatiques et pacifiques, a affirmé que la Chine, comme la Russie, voulait préserver ses liens économiques avec lIran, en particulier dans le secteur de lénergie.
« LIran est le deuxième fournisseur en pétrole de la Chine, elle va donc chercher à se cantonner à la position russe le plus longtemps possible. Mais la Chine est très claire sur le fait que ses liens avec lAmérique sont plus importants et quelle désire voir un Moyen-Orient stable. Je pense que la Chine va rester relativement passive pendant tout le long de ce conflit », a-t-il dit.