Le troisième et dernier débat télévisé entre les six candidats désignés pour les soi-disant Présidentielles du 19 mai, qui s’est déroulé vendredi soir, a été le théâtre des divergences de vue radicales entre les deux clans du pouvoir. Les six postulants sont cependant d’accord sur une économie en plein chaos et des détournements de fonds vertigineux des deux clans.
Le Maire de Téhéran, Mohammad-Bagher Ghalibaf, a révélé des copies de documents prouvant que Hassan Rohani et son vice-président, Eshagh Jahanguiri, se sont appropriés des vastes terrains à Téhéran, pour des prix dérisoires. En contrepartie, ce dernier a révélé que le Maire a commis un abus de confiance en offrant 2200 milliards de tomans (l’équivalent de 600 millions de dollars) des avoirs publics à ses proches.
De son côté, Ebrahim Raïssi qui a été parmi les protagonistes des massacres des prisonniers politiques en 1988, a fustigé Rohani : « Du matin au soir, le gouvernement est devenu un haut lieu de corruption». Jahanguri, le n°2 de l’actuel gouvernement s’en est pris à son tour à Ghalibaf : « En 2012, vous consommiez des glaces de 400 dollars au Tour Milade de Téhéran, dans des circonstances où le pays était sous l’embargo et les gens n’avaient pas de quoi acheter des médicaments ».
Le Président sortant a stigmatisé son adversaire: « M. Raïssi affirme que des délits ont été commis par le gouvernement précédent. Vous étiez alors vous-même au haut officiel de la Justice. Pourquoi n’avez-vous pas agi pour empêcher que 3.6 milliards de dollars des avoirs iraniens soient gelés par les États-Unis ? ».
« L’économie iranienne est au bord de la ruine », a par ailleurs reconnu Jahanguiri qui a attribué ce statu quo à un marché de contrebande d’un montant annuel de 12 milliards de dollars! « Les échanges du marché de contrebande s’élèvent à 18 milliards de dollars par an », a corrigé Raïssi. « La contrebande s’introduit dans le pays à partir de 114 quais officiels », a en outre précisé un autre candidat, Hachemi-Taba, avant d’ajouter : « chose qui serait incompréhensible, partout dans le monde » !
Les candidats ont également abordé la situation chaotique des industries. « 70% de nos chantiers industriels ont arrêté leurs productions », reconnaît Mir-Salim. Le chiffre a été rejeté par Jahanguiri, avant que Raïssi choque les téléspectateurs par des nouvelles données : « 250.000 petites entreprises, dont les producteurs de chaussures, de vêtements et de sacs ont arrêté le travail et licencié leurs ouvriers », affirme-t-il avant d’indiquer la raison : « manque d’argent » !
« Qu’avons-nous fait de l’Iran ? » demande Hachemi-Taba, avant de reprendre : « L’Iran nous a offert son pétrole, son gaz, son sable, ses forêts, son climat et ses fleuves, et nous les avons détruits ». « Le taux de chômage augmente de jour en jour », déplore le même candidat qui énumère à « plusieurs dizaines de milliers » le nombre des usines qui ont fermé.
« Vous ne trouverez aucune maison dans laquelle il ne se trouve pas de chômeur », a renchéri Ghalibaf qui a évalué « de 6 à 7 millions de personnes » le nombre des chômeurs.