Par Karine DESCHAMPS d’Autonews.fr
autonews.fr, 6 aout – PSA est actuellement sous les projecteurs pour ses fortes pertes sur le premier semestre 2012 et pour la suppression annoncée de 8 000 emplois en France. Outre la morosité du marché et le manque de compétitivité du groupe, on oublie sans doute un peu vite l’importance de son retrait forcé du marché iranien.
Le marché automobile français est en berne et la plupart de ses acteurs connaissent de grosses difficultés. Mais le plus mal en point et aussi le plus accablé par l’opinion est PSA, qui a récemment annoncé la fermeture du site d’Aulnay-sous-Bois et la suppression de 8000 emplois. En effet, nombreux avaient hurlé au scandale en apprenant cette nouvelle et certains membres du gouvernement n’avaient alors pas mâché leurs mots.
Pourtant, il semblerait que nos dirigeants ne soient pas entièrement neutres dans cette affaire. En effet, Jean-Pierre Mercier, délégué CGT de l’usine PSA d’Aulnay-sous-Bois, a rappelé lors de son passage sur Public Sénat qu’un évènement majeur pour le groupe français, faisant suite à l’alliance avec General Motors, a fortement joué dans les pertes enregistrées en ce début d’année. En mars dernier, PSA annonçait qu’il cessait totalement les exportations de pièces détachées à son partenaire iranien Iran Kohdro, alors que l’Iran était son premier marché extérieur.
On avait alors immédiatement pensé à des pressions venant du côté américain, dues en partie aux relations toujours très tendues entre les Etats-Unis et l’Iran. PSA de son côté niait cela, évoquant simplement le durcissement des sanctions contre l’Iran et le financement de plus en plus compliqué de leurs activités à cause des banques iraniennes. Il apparaît toutefois que le gouvernement français sanctionnait fortement les transactions bancaires avec l’Iran et que l’élection de François Hollande à la tête du pays n’a rien changé sur ce point.
Jean-Pierre Mercier résume clairement la situation par ces mots : « PSA refuse de vendre des véhicules en Iran pour raison politique. » Et ce manque à gagner pour l’entreprise française est loin d’être négligeable. Au premier semestre 2012, le constructeur a vendu 240 000 véhicules de moins qu’au premier semestre 2011 et parmi ceux-ci, 200 000 auraient du aller en Iran. Comme le souligne le Huffington Post, qui rapporte les propos de M. Mercier, la politique de la France face à l’Iran sur le plan commercial est donc en grande partie responsable de la baisse d’activité des usines françaises, et donc des licenciements.