Iran Focus, dossier spécial 1ère partie
Berlin – Le ministère iranien des renseignements et de la sécurité (VEVAK) est classé par les experts parmi les services de renseignements les plus importants et les plus actifs du Moyen-Orient, ayant conçu et exécuté 450 actes de terrorisme à travers le monde depuis les années 1980. Cependant, il sest enveloppé dun tel mystère que mises à part les révélations occasionnelles de la Résistance iranienne, peu de choses ont été rendues publiques sur ses opérations et ses fonctions. Son budget secret et son pouvoir qui échappe à tout contrôle ont fait de lui un des piliers de la théocratie iranienne.
Le VEVAK est également un des services les plus secrets du monde et sa structure de commandement est directement liée au guide suprême du régime, layatollah Ali Khameneï.
Le ministre des renseignements
Le ministre actuel des renseignements, lhodjatoleslam Ali Younessi, a été tout dabord nommé chef du tribunal révolutionnaire de Téhéran, puis chef du bureau politico-idéologique des gardiens de la révolution (pasdaran) juste après la révolution de 1979 qui a renversé le chah. En 1982, Younessi a été désigné juge religieux des cours martiales révolutionnaires. Cest un des fondateurs du VEVAK. En 1986, il devient représentant du guide suprême chargé de superviser la reconstruction du directoire des renseignements de larmée sur ordre de layatollah Khomeiny. En 1987, il est représentant du commandant en chef par intérim des forces armées au directoire des renseignements de larmée avant dêtre nommé juge religieux.
Lété 1988 marque un point tournant dans lascension de Younessi dans la hiérarchie de la théocratie. En tant quun des juges religieux chargés dappliquer la fatwa de Khomeiny dexécuter lensemble des prisonniers politiques « non repentis », Younessi set distingue en présidant un des tribunaux les plus cruels, envoyant à la mort les détenus après des procès qui dépassent guère cinq minutes.
Son zèle en 1988 lui vaut une promotion au sommet de la justice et il devient chef de lorganisation judiciaire des forces armées.
Quand en 1999 un autre religieux chiite, Dori Najafabadi, doit être remplacé à la tête du ministère des renseignements à la suite de révélations sur le meurtre par des agents du VEVAK de dizaines dintellectuels et de dissidents, cest Younessi qui hérite du portefeuille.
Le réseau des services secrets
Le VEVAK na dun ministère que le nom et fonctionne sous le contrôle direct du guide suprême. Il ne doit rendre de compte à personne, ni au gouvernement, ni au parlement. Il est doté dun budget secret et se place au-dessus des lois. Ces vingt dernières années, il sest développé en machine de répression politique tentaculaire.
Lusage du terrorisme par le régime iranien comme auxiliaire de politique étrangère, sest organisé ces 25 dernières années autour dactivités professionnelles orchestrées par le VEVAK. Le terrorisme a servi de levier pour obtenir des concessions des pays occidentaux et pour exercer des pressions sur les opposants qui ont survécu. De nombreux diplomates iraniens affichent des états de services au VEVAK, dans les pasdarans et dautres agences de sécurité. Le VEVAK travaille en coordination avec le ministère des affaires étrangères dans les opérations menées à létranger, faisant un usage particulier des ambassades iraniennes à travers le monde comme centre de collecte de renseignements et de caches pour les agents impliqués dans les activités terroristes.
Sur le plan intérieur, les agents du VEVAK passent par des tests rigoureux avant de se voir décerner un permis dagir et doivent se montrer suffisamment dignes de confiance pour participer aux opérations qui impliquent les plus hauts niveaux du régime, devant pour cela être prêts à tout prendre sur eux au cas où quelquun dénoncerait les agissements du ministère. Nombres de ses membres, eux-mêmes été choisi dans dautres agences de sécurité du pays, se voient dabord enjoindre de prendre part au meurtre et à la torture des dissidents, pour sassurer de leur loyauté au régime et au guide suprême. Seuls les cadres les plus loyaux sont cooptés.
Au fil des ans, à plusieurs reprises, le VEVAK a connu des « purges internes », où des agents montrant des signes de faiblesses ont « disparu » ou se sont « suicidés ». De 1997 à 1988, après quune série de meurtres de dissidents par des « liquidateurs » du VEVAK ait été rendue publique, le vice ministre des renseignements de lépoque Saïd Emami a été emprisonné sur des charges douteuses avant dêtre « suicidé » en prison. Le régime a ainsi évité toute fuite dinformation brûlante sur les opérations du VEVAK. En effet, cela aurait compromis toute la direction du régime religieux. Ces purges et meurtres au sein même du VEVAK ont déclenché une querelle au plus haut niveau du ministère, qui a abouti à lemprisonnement des ténors de la faction perdante.
Iran Focus publiera bientôt de nouveaux chapitres d ce dossier spécial sur les objectifs du VEVAK, ses activités et ses cibles.