Qu’est-ce qui explique le recours au terrorisme et aux assassinats d’opposants sur le sol européen par l’Iran ?
Tous les ans, au début de l’été, le Conseil National de la Résistance Iranienne, une coalition de l’opposition iranienne, regroupe tous ses soutiens à travers le monde pour une convention internationale. Venus des cinq continents, militants iraniens ou dignitaires et élus de tous horizons politiques, avaient convergé à Villepinte le samedi 30 juin pour affirmer leurs engagements en faveur d’un Iran libre et démocratique.
Au même moment, les services de renseignement Belge, Français et Allemands annonçaient l’arrestation d’un diplomate iranien en poste à Vienne, Assadollah Assadi, qui préparait un carnage terroriste chez les opposants. Trois autres personnes sont arrêtées en Belgique et en France.
Le régime cherche à empêcher l’extradition de son diplomate vers la Belgique, afin de pouvoir le transférer en Iran via l’Autriche où il était en poste.
Le couple recruté par le diplomate-terroriste, Amir Sadouni, Nasim Naami, arrêtés en Belgique, transportait 500 grammes de TATP, une charge d’explosif capable de gros dégâts, et un mécanisme de mise à feu caché dans une petite trousse de toilette. Se faisant passer pour des partisans des Moudjahidine du peuple Iranien, justement rassemblés à Villepinte, ils envisageaient en réalité un tout autre spectacle que celui de la célébration de la résistance. Le journal allemand Bild affirme que le diplomate aurait fourni l’explosif au couple lors d’une rencontre au Luxembourg.
L’OMPI avait mis en garde
Le VEVAK (ministère du renseignement iranien) serait derrière ce projet d’attentat et cela pose de nombreux problèmes.
Comment poursuivre le dialogue avec un régime qui n’hésite pas à recourir à des carnages sur le sol européen ? Les Moudjahidine du peuple (OMPI), le principal mouvement de résistance en Iran qui bénéficie de vastes réseaux dans le pays, avaient mis en garde les principaux services de renseignement Européens sur l’imminence d’un attentat.
Depuis 2002 et la découverte de l’usine secrète de traitement de l’Uranium en Iran, les services de renseignement des pays occidentaux ont appris à prendre au sérieux les mises en garde et l’expertise des Moudjahidine du peuple. À chacune des révélations que ces opposants ont publié, les renseignements se sont révélés exacts, au moindre détail près.
Le CNRI et l’OMPI demandent aux chancelleries européennes la fermeture des représentations diplomatiques iraniennes en Europe, considérées comme des centres d’espionnage et de préparatifs terroristes. Le TATP trouvé, identique à celui utilisé dans les attentats de novembre 2015 à Paris et de 2016 à Bruxelles, semblent donner raison, une nouvelle fois, aux opposants au régime.
Comment expliquer l’attentat déjoué à Villepinte ?
Alors que depuis plusieurs années le régime avait pris l’engagement auprès des pays européens de ne plus recourir au terrorisme sur leur sol, qu’est-ce qui explique ce soudain revirement ? Les observateurs avancent plusieurs explications.
D’abord la situation troublée à l’intérieur du pays qui témoigne de la fragilité d’un régime moribond confronté à des crises économiques et politiques inextricables. Depuis les mouvements de révolte de janvier qui ont embrasé des dizaines de villes iraniennes et secoué les fondements du régime islamiste, la situation n’a cessé de se détériorer et les revendications pour le changement de régime se font jour.
La participation de la base populaire du régime dans ces manifestations et l’effritement grandissant des organes sécuritaires du régime, on fait apparaître l’isolement du pouvoir qui accuse régulièrement l’OMPI d’être derrière les troubles.
Ensuite, sur le plan international, les avancées diplomatiques de l’opposition Iranienne ont fait émerger l’Alternative pour le changement démocratique. Cela a suscité l’ire de guide suprême Ali Khamenei qui cherche à éliminer physiquement les leaders de l’opposition.
L’arrestation d’un diplomate iranien a mis en évidence le prix que le régime est prêt à payer pour arriver à ses fins et l’importance du cible visée. Par ce geste de désespoir, le régime met en évidence sa crainte de l’alternative du CNRI, dotée d’une base populaire et une capacité de mobilisation en Iran qui menace l’existence de la théocratie.
Dans ce contexte, pour éviter d’autres dérapages de Téhéran dans sa fuite en avant tragiques, il est crucial que la France et l’UE, au terme de l’enquête menée par la justice, prennent des mesures les plus fermes contre les commanditaires de ce complot terroriste et expulsent les agents iraniens qui se camouflent dans le corps diplomatique iranien en Europe.