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Les Etats-Unis envisagent l’étiquette de terroriste pour les gardiens en Iran

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The New York Times, 15 août – Par Hélène Cooper – L’administration Bush s’apprête à déclarer que le corps des gardiens de la révolution est une organisation terroriste étrangère, ont annoncé mardi de hautes autorités gouvernementales.

Si elle s’impose, la déclaration signalera que l’attitude de l’administration prendra une tournure plus conflictuelle vis-à-vis de l’Iran et ce serait la première fois que les Etats-Unis ajouteraient les forces armées d’un gouvernement souverain à sa liste d’organisations terroristes.

Les gardiens de la révolution seraient la branche la plus importante de l’armée iranienne. Alors que les Etats-Unis ont longtemps taxé l’Iran de parrain du terrorisme d’Etat, une décision distinguant les gardiens de la révolution équivaudrait à un nouveau défi agressif d’une administration américaine qui semblait régner il y a peu un désaccord pour savoir s’il fallait adopter une ligne plus dure contre Téhéran sur son programme nucléaire et sur ce que les autorités américaines ont appelé son rôle déstabilisateur en Irak.

Selon des diplomates européens, la Secrétaire d’Etat Condoleezza Rice a prévenu de la mesure lors de conversations récentes avec des homologues européens, disant qu’un retard dans les efforts visant à gagner l’approbation du Conseil de Sécurité de l’ONU pour de nouvelles sanctions économiques contre l’Iran ne laissait l’administration d’autres choix que celui d’une action unilatérale.

Une mesure mettant les gardiens de la révolution sur la liste des organisations terroristes étrangères servirait au moins deux buts de Mme Rice : apaiser un certain temps les faucons de l’administration qui insistent sur une éventuelle action militaire et pour faire davantage pressions sur les alliés de l’Amérique afin d’augmenter les sanctions contre l’Iran au Conseil de sécurité.

Le Département d’Etat et les autorités du Trésor insistent sur une série de sanctions plus forte du Conseil de Sécurité des Nations Unies contre des membres du gouvernement iranien, y compris une interdiction étendue de voyager et davantage de mesures pour restreindre la capacité des institutions financières de l’Iran de conclure des affaires à l’étranger. Les autorités américaines ont aussi essayé de faire prendre à des banques européennes et asiatiques des mesures complémentaires contre l’Iran.

De hautes autorités gouvernementales ont dit que les plans actuels prévoyaient de faire la déclaration ce mois-ci, mais ont averti que cela pourrait être ajourné et que cela pourrait être laissé de côté si le Conseil de sécurité agissait plus rapidement afin d’imposer de larges sanctions à l’Iran sur son programme nucléaire.

Les autorités ont dit que Mme Rice poussait en avant la déclaration et n’ont pas dit si elle avait été approuvée par le Conseil de sécurité nationale ou le Pentagone.

Le président Bush semblait vouloir indiquer une attitude plus dure vis-à-vis de l’Iran la semaine dernière quand il a attiré l’attention sur ce que des autorités américaines ont appelé un rôle actif des gardiens de la révolution dans l’approvisionnement de munitions, d’entraînement et autre soutien aux militants chi’ites qui attaquent les troupes américaines en Irak. “Quand nous vous attrapons à jouer un rôle non-constructif, il y a un prix à payer,” a dit M. Bush à l’Iran lors d’une conférence de presse jeudi.

L’inscription sur la liste du terrorisme déclencherait une série de sanctions automatiques qui permettraient plus facilement aux Etats-Unis de bloquer les comptes financiers et autres avoirs contrôlés par les gardiens. La mesure gèlerait en particulier les avoirs des gardiens aux Etats-Unis, bien qu’il soit peu probable que les gardiens conservent beaucoup d’avoirs dans des banques ou d’autres institutions américaines.

Dans le débat interne sur la politique américaine vis-à-vis de l’Iran, Mme Rice a réussi au cours de l’an passé à tenir l’administration Bush dans ligne diplomatique dans laquelle l’Amérique et cinq autres grandes puissances ont utilisé le Conseil de sécurité pour imposer des sanctions afin d’essayer d’obtenir de Téhéran qu’il suspende son enrichissement d’uranium.

Mais ces derniers mois, un débat a ressurgi dans l’administration pour savoir si la voie diplomatique fonctionnait, avec des assistants du Vice-président Dick Cheney qui compteraient parmi ceux qui insistent pour prendre davantage en considération des options militaires. Le débat s’est enflammé avec des rapports d’inspecteurs internationaux détaillant les progrès de l’Iran dans son programme nucléaire, notamment l’installation de plus de 1000 centrifugeuses pour enrichir l’uranium, ainsi que les affirmations de responsables du renseignement américain sur rôle de l’Iran dans l’approvisionnement en armes et autres soutiens aux milices chi’ites en Irak et aux Talibans en Afghanistan.

L’Iran a nié à plusieurs reprises qu’il cherchait à fabriquer des armes nucléaires, qu’il aidait d’une quelconque manière à faciliter des attaques contre les troupes américaines en Irak ou qu’il expédiait toute sorte d’armes aux Talibans, un groupe auquel l’Iran s’était opposé dans les années 1990.

Mardi, le président Mahmoud Ahmadinejad a de nouveau écarté les plaintes américaines comme quoi l’Iran fournit des armes aux Talibans. S’exprimant à Kaboul, en Afghanistan, après une rencontre avec le président Hamid Karzai, il a dit que l’Iran “soutenait pleinement » son nouveau gouvernement.

M. Karzai a minimisé la querelle sur les expéditions d’armes, comme il l’avait fait lors d’une visite à la Maison Blanche ce mois-ci. Il a dit que l’Afghanistan et l’Iran étaient « frères » et que les Etats-Unis et l’Iran aidaient tous les deux à reconstruire son pays.

En juin, le Secrétaire à la Défense Robert M. Gates avait dit que le volume d’armes que reçoivent les Talibans de l’Iran rendait “difficile de croire” que les expéditions “se faisaient sans que le gouvernement iranien le sache.” Dans une interview télévisée le même jour, le Secrétaire d’État adjoint R. Nicholas Burns a dit qu’il existait “une preuve irréfutable” que les armes venaient des gardiens de la révolution.

Il y a actuellement 42 organisations sur la liste du Département d’Etat des organisations terroristes étrangères, y compris Al Qaïda, le groupe militant libanais du Hezbollah et les groupes palestiniens du Hamas et du Jihad Islamique.

En visant les gardiens, l’administration essaye aussi de diviser la population de l’Iran. Pendant sa conférence de presse jeudi, le Président Bush s’est adressé directement aux Iraniens. « Mon message au peuple iranien c’est que ‘Vous pouvez faire mieux que ce gouvernement actuel’ », a dit M. Bush. « Vous ne devez pas être isolés. Vous ne devez pas être mis dans une position qui ne vous permet pas d’atteindre votre potentiel maximum en termes économiques.»

Le gouvernement des Etats-Unis n’a pas fait d’évaluation publique de la taille des gardiens de la révolution, une organisation qui date de la révolution islamique de 1979 et dont les branches s’étendraient largement partout dans l’armée iranienne. Une évaluation de GlobalSecurity.org, un groupe de recherche basé à Alexandrie en Virginie, porte les forces des gardiens de la révolution à un total de 125.000 hommes.

Les gardiens et leur branche militaire sont identifiés comme une base de pouvoir de M. Ahmadinejad. Sous son mandat, ont dit les autorités américaines, les gardiens se sont de plus en plus engagés dans des opérations commerciales, gagnant des profits et étendant leur influence en Iran dans des secteurs impliquant des grands contrats du gouvernement, notamment la construction d’aéroports et d’autres infrastructures, la production de pétrole et les services de la téléphonie mobile.

La conséquence légale immédiate de l’inscription des gardiens sur la liste des organisations terroristes serait, selon le Département d’Etat, de rendre illégal à tous ceux qui sont soumis à la juridiction des Etats-Unis de fournir sciemment un soutien matériel ou des ressources aux gardiens. N’importe quelle institution financière américaine qui réalise qu’elle possède ou contrôle des fonds d’une organisation terroriste étrangère devra les remettre au Trésor.

Parce que l’Iran a conclu peu d’affaires avec les Etats-Unis en plus de deux décennies, le point le plus important de cette inscription, disent les autorités officielles, seraient d’intensifier la pression politique et psychologique sur l’Iran en utilisant cette inscriptions pour persuader les gouvernements étrangers et les institutions financières de rompre leurs relations d’affaires et avec les individus en Iran.

La décision aura peu d’impact sur des activités militaires américaines en Irak, où les forces de la coalition poursuivent déjà les combattants, les conseillers et les financiers qui soutiennent les forces antigouvernementales, selon un haut responsable du Département de la Défense. “Nous allons rechercher n’importe quelles forces engagées dans des activités qui perturbent la stabilité et à la sécurité de l’Irak”, a dit le fonctionnaire, qui parlait sous la condition d’anonymat parce que le sujet est cours de traitement dans l’administration.

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