A l’issue d’une réunion de plusieurs heures du Conseil des ministres, le ministre de l’Information, Ghazi Aridi, a affirmé devant la presse que ce réseau était "illégal" et que l’Etat allait engager des poursuites judiciaires à l’encontre de toute partie impliquée.
L’installation par le Hezbollah de son propre réseau de télécommunications à Beyrouth et dans le sud du Liban avait été révélée l’été dernier.
La formation chiite, chef de file de l’opposition libanaise, soutenue par Damas et Téhéran et engagé dans un bras de fer avec le gouvernement, affirme que ce réseau fait partie de sa "résistance contre Israël" et est nécessaire de ce fait pour des raisons de sécurité.
Le Hezbollah, qui a combattu Israël l’été 2006, a dirigé la guérilla qui a mis fin en 2000 à 22 ans d’occupation israélienne du Liban sud.
Mais le gouvernement a rejeté les affirmations de la formation chiite sur son réseau de téléphonie, soulignant qu’il allait remettre à la Ligue arabe des documents liés à l’affaire et qui montrent l’implication d’"organismes iraniens".
Le gouvernement a décidé par ailleurs de limoger le chef de la sécurité de l’aéroport international de Beyrouth, Wafiq Choukair, présenté comme un proche du Hezbollah.
Cette décision fait suite aux déclarations d’un leader de la majorité au pouvoir, Walid Joumblatt, accusant la formation chiite d’avoir installé des caméras à proximité de l’aéroport.
M. Joumblatt avait également accusé M. Choukair de n’avoir rien fait pour enlever ces caméras.
Le ministre Aridi a indiqué que M. Choukair allait réintégrer l’armée et une enquête judiciaire a été ouverte sur cette affaire.
Le week-end dernier, Walid Joumblatt avait montré des documents présentés comme étant un échange de courriers entre le ministre de la Défense, Elias Murr, et les services de renseignements de l’armée, sur des caméras installées près de l’aéroport, situé dans la banlieue sud de Beyrouth, fief du Hezbollah.
Walid Joumblatt avait alors indiqué que ces caméras visaient à surveiller les mouvements de personnalités anti-syriennes et de responsables étrangers, et mis en garde contre un possible attentat.
La formation chiite a rejeté ces accusations.
Mardi, le quotidien d’opposition Al-Akhbar a accusé le gouvernement de Fouad Siniora de conduire le pays vers une "conflagration", en voulant enquêter sur le réseau de télécommunications du Hezbollah et en limogeant Wafiq Choukair, alors que la crise politique s’accentue davantage entre les deux camps rivaux sur fond de lutte sur le pouvoir.
En raison de cette crise politique sans précédent depuis la fin de la guerre civile (1975-1990), le Liban, est sans chef d’Etat depuis le 24 novembre.