Le Monde: Selon Médecins sans frontières (MSF), 355 patients « présentant des symptômes neurotoxiques » sont morts en Syrie dans des hôpitaux aidés par l’organisation non gouvernementale, où près de 3 600 personnes sont traitées depuis le 21 août.
« Les symptômes qui nous ont été rapportés, le schéma épidémiologique de cet événement – caractérisé par l’afflux massif de patients dans un laps de temps très court, la provenance des patients et la contamination des secouristes et du personnel ayant fourni les premiers soins – suggèrent fortement l’exposition massive à un agent neurotoxique », a précisé MSF dans un communiqué publié samedi 24 août.
L’IRAN HAUSSE LE TON
L’Iran, allié du président Bachar Al-Assad, a de son côté reconnu pour la première fois, samedi, par la voix de son président, Hassan Rohani, que des armes chimiques avaient été utilisées en Syrie et a appelé la communauté internationale à les interdire.
« En Syrie, de nombreux innocents ont été blessés et ont souffert le martyre par des agents chimiques, et c’est malheureux, a déclaré le président Rohani, cité par l’Iranian Students’ News Agency (ISNA). Nous condamnons totalement et fermement l’utilisation des armes chimiques. »
« La République islamique conseille à la communauté internationale d’exercer toute sa puissance pour empêcher l’utilisation de ces armes où que ce soit dans le monde, et notamment en Syrie », a-t-il ajouté, selon l’agence de presse Mehr (MNA).
Le président iranien n’est pas allé jusqu’à dire qui était responsable de l’utilisation de ces armes. Mais le porte-parole de la diplomatie iranienne, Abbas Araghchi, a affirmé qu’il « existe des preuves que les groupes terroristes ont mené cette action ». Mercredi, le ministre des affaires étrangères iranien avait déjà déclaré à son homologue turc que si l’information d’une attaque chimique était confirmée, les rebelles seraient « assurément les responsables » de l’emploi de telles armes. L’Iran est le principal soutien régional de la Syrie et met en garde régulièrement contre le renforcement de groupes extrémistes sunnites liés à Al-Qaida dans ce pays.
« DÉTOURNER L’ATTENTION »
Le régime et l’opposition s’accusent quant à eux mutuellement d’êtres les auteurs de ces attaques .
Mercredi, l’opposition syrienne avait ainsi accusé le régime d’avoir attaqué à l’arme chimique des secteurs aux mains de la rébellion dans la périphérie de Damas, faisant 1 300 morts, selon elle.
Le ministre syrien de l’information, Omrane al-Zohbi, s’en est défendu, samedi, affirmant que son régime n’avait « jamais utilisé d’armes chimiques en Syrie, sous quelque forme que ce soit, liquide ou gaz », dans un entretien à la télévision al-Mayadine, basée à Beyrouth, dont des extraits ont été diffusés par la télévision syrienne.
Le régime de Bachar Al-Assad a également renvoyé la responsabilité aus rebelles, samedi. « Une unité de l’armée encercle un secteur de Jobar où les terroristes ont utilisé des armes chimiques », a annoncé la télévision d’Etat, mentionnant plusieurs cas « d’asphyxie » parmi les soldats entrés dans Jobar, un quartier de la périphérie de Damas.
Une accusation démentie aussitôt par l’opposition, qui a répliqué dans un communiqué : »La Coalition nationale syrienne rejette en bloc les informations mensongères relayées par le régime d’Assad et considère qu’il s’agit d’une tentative désespérée pour détourner l’attention de ses crimes répétés et méthodiques à l’encontre des civils syriens. »