Iran Focus, Bagdad,19 novembre- La visite en Iran du chef de sécurité irakienne et les éloges quil a faites sur la politique du gouvernement iranien vis-à-vis son voisin de louest a soulevé de graves questions sur la politique de sécurité de ce pays ravagé par la guerre, selon des analystes et intellectuels irakiens.
De nombreux Sunnites et Shiites accusent ouvertement Muwafaq al-Rubaï, conseiller à la sécurité nationale Irakienne, de faire tout ce que voulait lIran, un pays contre lequel lIrak avait eu une guerre sanglante de huit ans.
Durant une visite de deux jours à Téhéran cette semaine et lors de les réunions avec de hauts responsables iraniens, Al Rubaï a fait plusieurs déclarations rapportées par les médias iraniens, contrôlé par le gouvernement, dans lesquelles il rejette les « accusations des Etats-Unis et de la Grande Bretagne sur lingérence de lIran en Irak » et a rendant hommage à Téhéran pour sa coopération avec lIrak.
« Il ny a pas de preuves sur lingérence de lIran dans les affaires intérieures dIrak, » avait déclaré al-Rubaï. « Nous croyons que la République islamique veut voir se créer un Irak indépendant, dirigé par un gouvernement populaire. »
Lagence officielle dinformation iranienne, IRNA, a cité al-Rubaï disant « que la présence de troupes étrangères en Irak est une calamité qui va durer pour un moment, et la présence de ces troupes nest pas sous le contrôle du gouvernement irakien. »
Le but de la visite dal-Rubaï en Iran, selon les quotidiens de Bagdad, était de tenir des discussions politiques et de sécurité avec les autorités iraniennes. Il a signé un pacte de sécurité, dont le contenu na pas été dévoilé, avec son homologue iranien, Ali Laridjani.
Les observateurs ont été surpris non seulement par lavalanche de compliments faite par al-Rubaï au gouvernement iranien, mais aussi par le fait quil nait pas dit un mot sur la découverte dune salle de torture secrète à Badgad, dirigée par des officiers de la brigade Badr, une milice sous influence des gardiens de la révolution iraniens (GRI).
« Comment pourrait on espérer qual-Rubaï trouvent des preuves sur lingérence de lIran dans notre pays ? » sest interrogé en colère Mohsin Faleh, un journaliste irakien et analyste politique, sur un ton de colère.
« Tout le monde en Irak sait qual-Rubaï a travaillé plusieurs années sous le patronage du clergé iranien et quil était un conseiller haut placé de la force Qods des gardiens de la révolution iraniens. Mais ce que beaucoup dIrakiens jugent inacceptable, cest de voir un tel homme occuper le poste le plus sensible de ce gouvernement. Il nest tout simplement pas fait pour ce boulot », a dit Faleh, qui tout comme al-Rubaï, est un musulman chiite, mais est opposé à un régime religieux et à linfluence iranienne en Irak.
Fervent islamiste dans sa jeunesse, al-Rubaï est devenu un membre important du parti shiite, Dawa, quand le parti était un groupe terroriste anti- Saddam Hussein dans les années 1980s », selon NewsWeek. Le leadership de Dawa était sous le contrôle et linfluence directs de Téhéran durant ces années.
Lancien Premier ministre Iyad Allawi a limogé al-RubaI de son poste de conseiller de sécurité à cause de ses « liens suspects » avec les services secrets iraniens, a dit Faleh. Mais al-Rubaï a été réinstallé à son poste quand un gouvernement pro chiite a pris le pouvoir au début de cette année.
Les Sunnites irakiens ont eux aussi de graves inquiétudes sur les connections iraniennes dal-Rubaï.
« LIran domine notre appareil de sécurité et de renseignements et certains de nos ministères comme celui de lIntérieur, mais rien nest fait contre ça, » a déclaré Subhi al-Mokhtar, un sunnite irakien qui enseigne à luniversité de Bagdad. « Les gens ont même peur de parler de linfiltration des agents iraniens dans le gouvernement irakien, parce quils peuvent finir soit avec une balle dans la tête, soit emprisonné dans un centre de torture souterrain dirigé par Badr», a-t-il déclaré, en évoquant la milice qui est la branche armée de lAssemblée suprême de la Révolution islamique en Irak (ASRII).
Al-Mokhtar a dit que les retombées politiques des déclarations dal-Rubaï en Iran avaient tellement choqué en Irak « quil devra démissionner ou se rétracter ».
« Nous navons pas besoin de quelquun qui exécute les ordres de lIran pour soccuper de notre sécurité, » a dit al-Mokhtar.