Associated Press, Bagdad, 22 mai La formation dun gouvernement dunité nationale à Bagdad prépare le terrain pour des négociations directes entre les Etats-Unis et lIran à propos de la situation à lintérieur de lIrak, a déclaré dimanche lambassadeur américain Zalmay Khalilzad.
Lambassadeur, dorigine afghane et parlant le farsi, a reçu lautorisation de mener des pourparlers avec lIran. Si les discussions ont lieu, ce seront les premiers échanges bilatéraux entre les deux pays depuis la Révolution iranienne de 1979.
Mais le sujet des négociations selon lAmérique est supposé être un échange de points de vue sur la situation en Irak, et non des thèmes plus larges tels que le programme nucléaire controversé de lIran ou lhostilité verbale du pays envers Israël depuis que le président Mahmoud Ahmadinejad est arrivé au pouvoir lété dernier.
Dans un changement radical de politique, le gouvernement conservateur de lIran a annoncé cette année sa volonté dentamer un large dialogue avec les Etats-Unis. Ahmadinejad a également adressé une longue lettre au président George W. Bush il y a deux semaines lui demandant de revoir certaines des politiques étrangères américaines à la lumière des convictions religieuses de Bush.
Léventualité dun tel dialogue revêt un caractère de plus en plus urgent puisque le Conseil de Sécurité de lONU envisage des sanctions contre lIran pour sa décision de redémarrer le traitement duranium dans ce qui constitue, aux yeux des Etats-Unis et de lUE, un programme darmes nucléaires secret. LIran insiste sur le fait que lenrichissement répond à des objectifs atomiques purement pacifiques.
Dans une interview avec Associated Press à lambassade américaine à Bagdad, Khalilzad a déclaré que les négociations avec lIran au sujet de lIrak nauraient pas pu avoir lieu plus tôt parce que les Etats-Unis ne voulaient pas donner limpression que lIran et lAmérique « sétaient réunis pour définir le nouveau gouvernement en Irak ».
« Mais nous avons dit publiquement, et cela reste notre position, que nous serons prêts à leur parler lorsque le gouvernement dunité nationale sera formé », a-t-il dit. Il a refusé de spécifier comment les discussions pourraient débuter, disant simplement « Il existe différents moyens de communiquer ».
« Nous avons beaucoup de sujets à traiter avec eux concernant nos préoccupations et ce que nous envisageons pour lIrak et nous sommes prêts à entendre leurs inquiétudes », selon Khalilzad.
Le transfert présumé darmes iraniennes en Irak se trouve en haut de lagenda américain, a-t-il dit.
« Nous voulons de bonnes relations entre lIrak et ses voisins, mais nous ne voulons pas que lIran ou dautres pays dans la région envoie des armes aux milices, entraîne les milices, envoie de largent aux milices ou à dautres groupes voulant nuire à ce nouvel Irak », a-t-il ajouté. Des armes et de largent iraniens vont effectivement aux milices irakiennes actuellement, a-t-il affirmé, « et nous pensons que le régime iranien commet dautres actes négatifs en Irak ».
Mais Khalilzad a également adressé à lIran des mots conciliateurs. Qualifiant les Iraniens de « grand peuple » avec « une histoire illustre », Khalilzad a déclaré quil navait « aucun doute » sur le fait quil existerait un jour de bonnes relations entre les Etats-Unis et lIran.
Lorsquon lui a demandé si la politique américaine en Iran était « un changement de régime » ou « lendiguement », Khalilzad a répondu que lAmérique désirait un « changement de régime ».
« En fin de compte, les vux des Iraniens (qui désirent vivre dans un pays fier, avoir des relations normales avec le monde, des relations de respect mutuel avec le monde) vont simposer eux-mêmes au pays et au gouvernement de ce pays », a-t-il prédit.