AFP, Washington, 22 mai – Les Etats-Unis ont accusé lundi l’Iran d’aider certaines des milices faisant régner leur loi chez le voisin irakien, mais ont estimé que parler directement du problème avec la République islamique ne le résoudrait pas nécessairement.
Les déclarations d’un haut responsable de l’administration Bush semblent montrer que les Etats-Unis sont moins disposés qu’en mars à rompre le silence observé avec l’Iran pour dialoguer des affaires irakiennes.
Les Américains et les Iraniens, qui ont rompu leurs relations diplomatiques en 1980, semblaient alors assez près de prendre langue au sujet de l’Irak.
Un haut responsable américain a cependant dénoncé lundi certains agissements iraniens en Irak « qui ne sont pas tolérables (…) et cela a à voir avec (leur) implication dans les milices ainsi que le financement et, peut-être, l’entraînement de groupes étrangers », une appellation qui pourrait s’appliquer aux groupes terroristes.
« Je dirais que certainement l’Iran est l’une des parties du problème » des milices en Irak, « ce qui n’est pas la même chose que de dire qu’il faut parler à l’Iran pour résoudre le problème », a dit ce responsable sous couvert de l’anonymat.
La mise sous contrôle des milices, accusées d’être responsables de dizaines d’assassinats, sinon plus, depuis février, est l’une des première tches que l’administration Bush voudrait voir accomplies par le nouveau gouvernement irakien.
Les chiites, prépondérants en Irak, possèdent parmi les plus importants groupes armés. L’Iran est lui-même ultra-majoritairement chiite.
Les Etats-Unis n’ont cessé d’accuser l’Iran d’ingérence dans les affaires de son voisin irakien.
En dépit de l’absence de relations diplomatiques et de la crise nucléaire iranienne, les deux parties semblaient proches en mars d’engager des discussions. Pour l’administration américaine, elles devaient être circonscrites à la situation irakienne et donner à l’ambassadeur à Bagdad, Zalmay Khalilzad, l’occasion d’exprimer de vive voix l’inquiétude américaine.
Le même responsable américain a indiqué lundi que les autorités à Bagdad avaient demandé aux Etats-Unis de ne pas avoir de telles discussions avant que le nouveau gouvernement irakien ne soit formé.
« Je pense qu’il reste à savoir si des discussions après (la formation du gouvernement) ont quelque utilité », a dit ce responsable.
Il a souligné que les Etats-Unis n’étaient pas opposés à des relations diplomatiques ou économiques entre l’Irak et l’Iran.
Les éventuelles discussions américano-iraniennes sur l’Irak avaient été effectivement reportées après la formation du gouvernement irakien, investi samedi.
Depuis mars, les dirigeants iraniens, après s’être montrès disposés au dialogue, ont signifié qu’ils n’en avaient pas besoin.
Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a rompu plus d’un quart de siècle de silence entre dirigeants des deux pays en écrivant à son homologue George W. Bush. Mais l’administration américaine a déclaré que cette lettre ne résolvait aucun problème et que M. Bush n’y répondrait pas.