Associated Press, Téhéran De Tarek Al-Issawi À louest de lIran, se situe un allié naturel et peut-être son arme la plus puissante dans le conflit international autour de son programme nucléaire. Alors que lIran et lIrak étaient des ennemis jurés sous le règne de Saddam Hussein, tout semble indiquer aujourdhui une relation de plus en plus solide maintenant que les Chiites jouent un rôle dominant dans le gouvernement irakien.
Cest un lien qui doit encore réaliser son potentiel, en grande partie parce que linvasion menée par les Etats-Unis est responsable de lapparition de Chiites irakiens en haut de léchelle politique pour la première fois dans lhistoire moderne. Les Chiites irakiens ne critiquent pas le cadeau quils reçoivent.
Mais lIran et lIrak partagent une population majoritairement musulmane chiite, des liens historiques et culturels très profonds et linfluence de Téhéran sur son voisin est croissante. LIran va probablement tenter de se servir de lIrak comme champ de bataille dans le cas où les USA punissaient Téhéran économiquement ou militairement, selon les experts.
Un grand nombre de postes clés au gouvernement sont désormais occupés par des hommes qui ont trouvé refuge en Iran afin déchapper à loppression de lancien régime baathiste à majorité sunnite de Saddam.
Les puissantes milices irakiennes ont, de plus, des liens étroits avec lIran et sont largement infiltrées dans les forces de sécurité irakiennes. On peut sattendre à ce quelles se rangent du côté de lIran si lOccident décidait de passer à loffensive, selon Paul Ingram du Conseil dinformation de sécurité britannique américain.
« LIran a des liens avec lIrak qui nont pas été mobilisés comme ils auraient pu lêtre », a déclaré Ingram. « Les milices basées en Irak ont reçu une grande partie de leur entraînement en Iran et nont reçu encore aucune instruction. »
LArmée Mahdi, fidèle au religieux chiite anti-américain fauteur de troubles Muqtada al-Sadr, et la Brigade Badr, laile militaire du Conseil suprême pour la révolution islamique en Irak, ont toutes deux des liens significatifs avec lIran. Le dernier groupe est commandé par Abdul-Aziz al-Hakim, le religieux pro-iranien enturbanné qui était à la tête de la liste chiite qui a rempoté les élections nationales en Irak en janvier.
Si lIran était attaqué, « les Chiites irakiens ne prendraient pas cela à la légère. Ils ne vont pas rester à ne rien faire et observer », a affirmé Diaa Rashwan, expert basé au Caire.
Linfluence de lIran en Irak va bien au-delà de ses liens avec des groupes armés puissants. Après linvasion menée par les USA il y a trois ans, le gouvernement iranien a rapidement envoyé des équipes médicales, humanitaires et religieuses, en particulier dans les villes majoritairement chiites du sud de lIrak. LIran attend maintenant que ses investissements en Irak lui rapportent des intérêts.
« LIran est clairement implantée stratégiquement en Irak et il existe une alliance entre lIran et les puissances irakiennes à venir », a affirmé un analyste politique iranien, Mashallah Shamsolvaezin. « LIran na pas encore utilisé cette option mais cest un atout qui aura beaucoup de poids. »
Mais les Chiites irakiens, qui comptent sur larmée américaine pour empêcher leur pays de sombrer dans le chaos, sont quelque peu réticents à affronter les Etats-Unis au sujet de lIran.
« La classe politique chiite en Irak croit que sils coopèrent avec les USA et la Grande-Bretagne, ils vont en fin de compte se retirer et laisser les Chiites au pouvoir », a déclaré Juan Cole, expert politique sur le Moyen Orient à lUniversité du Michigan. « Jusque là, les choses se sont merveilleusement bien passées. Pourquoi semer le trouble ? »
Cependant, le ministre des Affaires étrangères irakien Hoshyar Zebari a déclaré que Téhéran avait le droit à la recherche nucléaire pacifique, position allant à lencontre des efforts des Etats-Unis visant à forcer lIran à stopper toutes ses activités nucléaires de peur quil ne cherche à développer des armes atomiques.
Les commentaires de Zebari ont été faits pendant la visite de son homologue iranien, deuxième visite au sommet dune délégation iranienne depuis la chute de Saddam en 2003.
Les Etats-Unis reconnaissent linfluence de lIran en Irak, appelant publiquement à des négociations entre les dirigeants iraniens et Zalmay Khalilzad, ambassadeur de Washington à Bagdad.
Les Iraniens, après avoir dabord bien accueilli cette possibilité, la refusent maintenant, avançant que les USA veulent étendre les discussions au-delà de lintérêt mutuel en Irak et inclure le thème du conflit nucléaire.
Les discussions seraient le premier échange public bilatéral entre les Etats-Unis et lIran depuis la révolution iranienne de 1979.
Avec lennemi taliban de Téhéran disparu du pouvoir en Afghanistan à lest et avec Saddam parti à louest, lIran cherche à asseoir son influence dans la région et veut que la communauté internationale accepte ce rôle, dont le droit de développer son programme nucléaire pour des raisons pacifiques selon lui.
LIran est très préoccupé par la présence de troupes américaines en Irak et en Afghanistan et regarde également le Golfe Persique avec inquiétude en raison de la vaste présence militaire américaine dans cette zone.
LIran considère le Golfe comme sa sphère dinfluence et la présence militaire américaine comme une menace militaire potentielle et une tentative de contrôle des vastes ressources en pétrole de la région.
Ce qui vient aggraver le conflit nucléaire avec lIran, cest le souvenir de la révolution islamique en 1979 et la crise qui a suivi après que les Iraniens aient pris lambassade américaine et retenu des otages pendant 444 jours. Ces deux événements poussent lOccident à vouloir absolument contenir linfluence iranienne.