AP, Bagdad, 17 octobre Pendant quatre jours, la violence sectaire sest déchaînée et nétait toujours pas maîtrisée lundi à Balad et dans ses environs, faisant au moins 91 morts, selon la police et larmée.
Les affrontements ont éclaté vendredi avec la découverte des cadavres décapités de 17 travailleurs chiites dans un verger près de la ville qui se situe à 80 kilomètres au nord de Bagdad.
Les Chiites ont riposté en installant des barrages routiers à Balad qui est majoritairement chiite mais qui est encerclé de villages, villes et fermes sunnites. Ces hommes ont cherché à se venger en kidnappant et en abattant des Sunnites par balles, selon des témoins. Tous ont refusé de donner leur nom de peur de représailles.
Un officier de police à Duluiya a déclaré que les membres de la milice lArmée Mahdi, loyale au dignitaire religieux chiite antiaméricain Moktada al-Sadr, menaient les affrontements avec laide de la police locale.
Mohamed Ali Hamid, un chauffeur de taxi sunnite, a déclaré quil avait marché pendant deux heures avec 20 membres de sa famille dimanche pour atteindre la ville sunnite de Duluiya. Dimanche, des miliciens chiites accompagnés de la police lui avaient donné seulement deux heures pour partir, a-t-il dit.
« Ils ont dit Vous êtes des Sunnites et vous navez rien à faire ici », a affirmé Hamid au téléphone depuis le poste de police où il a été emmené après que le groupe ait été recueilli le long de la grande route. « Ils ont brûlé tout ce qui appartenait aux Sunnites et nous avons dû tout laisser derrière nous. »
Duluiya et Balad se situent sur les rives opposées du fleuve Tigre.
Hamid a affirmé que les Sunnites locaux nétaient pas responsables de ces décapitations et quils vivaient en paix avec leurs voisins chiites depuis des décennies. Il a rejeté la responsabilité de ce bain de sang sur les militants soutenus par le gouvernement chiite dIran. « Il y a des gens qui se cachent derrière tout ça et qui veulent que les Chiites et les Sunnites sentretuent », selon Hamid. « Ce sont les Iraniens. »
Le gouvernement irakien semble incapable de stopper les combats, démontrant par là même son incapacité à former un consensus politique pouvant maîtriser les rivalités sectaires et rétablir une certaine sécurité. Dimanche, le gouvernement a reporté à une date indéterminée une conférence de réconciliation nationale très attendue dont lobjectif était de combler le fossé entre les groupes ethniques et religieux.
Assassinat du frère du procureur
Lundi, des hommes armés ont tué le frère du procureur chargé du procès de Saddam Hussein pour génocide, ignorant lappel de lancien président aux insurgés à pardonner leurs ennemis américains et aux Irakiens à se pardonner les uns les autres et à cesser les massacres sectaires, a rapporté The Associated Press depuis Bagdad.
Dans une lettre ouverte, Saddam a déclaré que la « libération » de lIrak était imminente, apparemment dans lintention de se projeter en tant quhomme dEtat au moment où lIrak senfonce dans une guerre civile et où les Etats-Unis hésitent sur la marche à suivre.
Un grand nombre dIrakiens en viennent à penser que les Etats-Unis ont décidé de commencer à se retirer dIrak, mais le président George W. Bush nie de telles allégations.
« Lheure de la libération est proche, si Dieu le veut », a écrit Saddam dans une lettre en arabe quil a dictée à ses avocats pendant le week-end et qui a été publiée lundi. « Mais rappelez vous que lobjectif imminent est de libérer votre pays des forces doccupation et de leurs partisans, et non de régler vos comptes entre vous. »
Il a signé « président et commandant en chef des forces armées des guerriers saints ».
Saddam a déclaré quil sadressait aux Irakiens au moyen dune lettre parce que « mes chances dexprimer mon opinion sont limitées » en prison.
Les responsables judiciaires ont également déclaré lundi que le verdict et la sentence dans le premier procès de Saddam pour avoir tué près de 150 Chiites à Dujail en 1982, allaient être prononcés le 5 novembre. Beaucoup craignent que ce verdict et cette sentence, qui pourrait être la mort, nenflamment un peu plus les tensions en Irak.
Le meurtre du frère du haut procureur dans le second procès, Imad al- Faroon, vient renforcer les craintes de violence sectaire. Faroon a été abattu sous les yeux de sa femme à son domicile à Bagdad.
Le frère de Faroon est le procureur en chef Muqith al-Faroon qui dirige les poursuites judiciaires contre Saddam pour les accusations de crimes contre lhumanité dans le massacre de milliers de Kurdes pendant la guerre Iran-Irak.