Iran and its NeighboursIrakWashington tente encore de juguler l'influence de Téhéran

Washington tente encore de juguler l’influence de Téhéran

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Libération, 25 novembre – Par Philippe Grangereau – Face au fiasco irakien, les Etats-Unis sont tiraillés entre deux directions opposées. La nouvelle majorité démocrate, qui siégera en janvier au Congrès, souhaite l’amorce d’un retrait d’Irak. Elle préconise également l’ouverture de négociations avec l’Iran et la Syrie ¬ une option soutenue également par certains républicains et le Groupe d’études sur l’Irak dirigé par l’ex-secrétaire d’Etat James Baker. La Maison Blanche, elle, paraît choisir la voie inverse. Le président George W. Bush, alarmé par les gains stratégiques d’un Iran qui se pose en puissance régionale, a lancé une nouvelle initiative visant à contenir le régime chiite, avec l’aide des pays arabes à majorité sunnite. Le chef de la CIA, Michael Hayden, s’inquiétait la semaine dernière que l’Iran ne cesse d’accroître son influence en Irak, où il poursuit une «dangereuse politique triomphaliste».

POURPARLERS. Le vice-président Dick Cheney devait arriver samedi en Arabie Saoudite pour rencontrer le roi Abdallah. Au menu : l’Irak, le Liban et le conflit israélo-palestinien. Evoquant l’influence grandissante de l’Iran chiite, le gouvernement saoudien a exhorté lundi les forces américaines à mettre fin à l’ «hégémonie extérieure» en Irak. La secrétaire d’Etat Condoleezza Rice doit entamer le 30 novembre une série de pourparlers avec les ministres des Affaires étrangères d’Arabie Saoudite, d’Egypte, de Jordanie et des six pays du Conseil de coopération du Golfe. George W. Bush doit, lui, rencontrer, les 29 et 30 novembre à Amman (Jordanie), le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki. Ils discuteront de la situation intérieure et du «rôle que peuvent jouer des pays voisins pour un retour à la stabilité en Irak». Sur le terrain, les soldats des Etats-Unis et de plusieurs pays du Golfe ont conduit des manoeuvres le mois dernier, à quelques encablures des eaux iraniennes.

FAUCONS. Ce déploiement diplomatico-militaire, destiné dans un premier temps à faire pression sur l’Iran, est assorti de menaces plus ou moins concrètes. Certains «faucons» appellent à une frappe préventive contre les installations nucléaires iraniennes. «Nous n’avons plus que deux options : accepter un Iran doté de l’arme nucléaire ou bien user de la force pour l’empêcher», écrivait le 19 novembre dans le Los Angeles Times Joshua Muravchik, de l’American Enterprise Institute, un think tank néoconservateur. Si l’Iran a la bombe, explique-t-il, «tout ce que Bush a cherché à accomplir serait réduit à néant, car nous serions beaucoup moins en sécurité que lorsqu’il a commencé son mandat». Muravchik préconise une «campagne aérienne» de «quelques jours ou quelques semaines» pour détruire les «1 500 sites nucléaires» iraniens. Plutôt que de négocier avec ce pays de «l’axe du mal», estiment plusieurs experts, tel John Pike, directeur d’un centre d’analyses sur les questions militaires, Bush pourrait effectivement choisir d’attaquer.

ARRET. «Une action militaire est extrêmement improbable au cours des deux dernières années d’une présidence qui fait face à un Congrès hostile, jugeait pour sa part vendredi, dans le Washington Post, l’ancien secrétaire d’Etat Henry Kissinger, qui conseille parfois la Maison Blanche. Mais Téhéran ne peut certainement pas ignorer la possibilité d’une frappe israélienne si les voies de négociations se ferment.»

L’administration Bush, qui le jour de l’assassinat de Pierre Gemayel au Liban a fustigé «les tentatives de la Syrie, de l’Iran et de ses alliés de fomenter l’instabilité et la violence», a rappelé qu’elle attendait de Damas qu’il empêche les combattants de passer en Irak. A l’Iran, elle demande un arrêt du soutien matériel aux milices chiites impliquées dans les violences confessionnelles. «Cela doit cesser», a déclaré le numéro 3 du Département d’Etat, Nicholas Burns.

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