CNN, Bagdad, 31 janvier Le Premier ministre irakien, Nuri al-Maliki, demande aux Etats-Unis et à lIran daller se battre ailleurs quen Irak.
Al-Maliki a déclaré que, selon lui, lIran sattaquait aux forces américaines en Irak.
Un haut responsable américain a affirmé mardi que le Pentagone enquêtait sur la responsabilité de lIran dans lattaque survenue le 20 janvier à Karbala, qui a fait cinq victimes parmi des soldats américains.
« Nous pensons quil est possible que les responsables de cette attaque soient des Iraniens ou des hommes entraînés par lIran », a avancé un haut responsable américain.
Le degré de sophistication de cette attaque, dans laquelle des guérilléros, parlant anglais et vêtus duniformes américains, au volant de véhicules utilitaires, ont passé les postes de contrôle pour attaquer un bureau du gouvernement, va au-delà de ce que les insurgés en Irak sont capables, selon les hauts responsables américains.
Que lIran savère être à lorigine de cette attaque ou non, al-Maliki a affirmé que son pays ne pouvait devenir un champ de bataille dans le conflit entre Washington et Téhéran.
« LIrak na rien à faire dans le conflit américano-iranien. Nous nallons pas laisser lIran sattaquer à larmée américaine et nous nallons pas non plus laisser lAmérique sattaquer à larmée iranienne. Chacun doit respecter la souveraineté de lIrak », a affirmé al-Maliki.
« Nous naccepterons pas que lIran se serve de lIrak pour attaquer les forces américaines. »
LIran était au cur du sujet mercredi lors de linterview exclusive dal-Maliki, interrogé par Michael Ware de CNN.
Le Premier ministre a affirmé que les Américains se basaient sur les informations quils avaient collectées pour se faire une idée des activités iraniennes en Irak.
Les Etats-Unis accusent lIran dorganiser des attentats terroristes dans le monde entier et de poursuivre un programme nucléaire pouvant mener au développement dun arsenal. LIran dément ces accusations.
« Nous avons dit aux Iraniens et aux Américains : Nous savons que vous avez un problème lun avec lautre, mais nous vous demandons de régler vos problèmes ailleurs quen Irak. Nous ne voulons pas que les forces américaines prennent lIrak pour un champ de bataille pour attaquer lIran ou la Syrie », a affirmé le Premier ministre.
Al-Maliki a ajouté que lIrak ne voulait pas voir sa souveraineté entachée par un de ses voisins, qui incluent lIran, le Koweït, la Jordanie, lArabie Saoudite, la Syrie et la Turquie.
Chacun pourrait trouver une bonne raison dinterférer en Irak, a-t-il dit, comme par exemple leur opposition à la présence des troupes américaines ou des différends politiques et sectaires.
« LIran est chiite, nous sommes chiites et il y a beaucoup de chiites en Irak, mais cela ne justifie en rien lintervention de lIran en Irak. Nous respectons cette relation, mais nous ne tolèrons pas une telle interférence. De plus, lIrak est un pays arabe, la majorité des Irakiens sont arabes, mais cela ne justifie en rien que les pays arabes interfèrent en Irak. »
Al-Maliki a également évoqué la position de son gouvernement à propos des milices et du nombre de soldats dans son pays.
Il a affirmé quil soutenait le projet du président Bush daugmenter leffectif des troupes en Irak de plus de 20 000 soldats et Marines.
« Nous pensons que leffectif actuel, légèrement augmenté, fera laffaire, mais sil faut plus de soldats, alors nous en demanderons. »
Al-Maliki a réaffirmé son intention de sattaquer à toute entité responsable de la fomentation de la violence, y compris la milice dun de ses partisans, le religieux chiite Muqtada al-Sadr. Il a de plus indiqué que lajustement de leffectif des troupes devait se fonder sur les conditions actuelles.
Certains observateurs se demandent si al-Maliki a la volonté politique de sattaquer à larmée Mahdi dal-Sadr, qui serait derrière une grande partie des conflits violents en Irak entre les insurgés sunnites et les milices chiites. Al-Sadr a aidé al-Maliki à devenir Premier ministre lannée dernière.
Le Premier ministre a déclaré que le mouvement dal-Sadr sétait engagé à bannir les groupes armés et à ne pas intervenir dans le nouveau plan de sécurité. Il a affirmé que lengagement du groupe constituait « une excellente incitation pour les autres responsables de milices à annoncer leur soutien au plan de sécurité de Bagdad ».
Il a néanmoins prévenu chaque groupe et chaque personne : tout le monde doit respecter la loi.
« La loi sapplique à tous aux milices, aux partis politiques, aux acteurs du processus politique », a-t-il dit. « La loi est souveraine, et tous ceux qui se trouvent à mes côtés pour respecter la loi et la volonté du gouvernement sont des alliés et des partenaires ; mais tous ceux qui se dressent contre la loi et la volonté du gouvernement sont des ennemis. »
Al-Maliki a souligné son indépendance et son impartialité politique. Bien quil ait été membre du parti chiite Dawa, qui fait partie de lAlliance irakienne unie au pouvoir, il a affirmé quil était le leader de tous les Irakiens, pas seulement des chiites.
LIrak, dont 60 pourcent de la population est chiite, regroupe aussi des Arabes sunnites, des Kurdes, des Turkmènes, des chrétiens et bien dautres.
« Je parle maintenant en tant que Premier ministre et non en tant que membre du parti Ladhésion à un parti sarrête aux limites de lÉtat », a-t-il ajouté.
Al-Maliki a affirmé que les efforts pour encourager et amener la paix nétaient pas uniquement dordre militaire. Il a expliqué quil sagissait aussi dun effort politique qui nécessitait une volonté nationale, une implication de tous les Irakiens qui doivent absolument mettre de côté leurs appartenances ethniques, tribales et religieuses pour aider lÉtat à survivre.
« Nous ne voulons pas tuer le peuple et plonger le pays dans un bain de sang. Nous accueillons volontiers toute initiative visant à faire reculer les milices et les terroristes et toute volonté de participer au processus politique afin de réduire au maximum le nombre de victimes et les affrontements », a-t-il affirmé. « Mais tout cela doit avoir lieu sous légide de la volonté nationale, du gouvernement et de la loi. »
Michael Ware, Thomas Evans, Jomana Karadsheh, Yousif Bassil et Joe Sterling de CNN ont contribué à cet article.