The Wall Street Journal, 13 février – Dimanche, les hauts officiers de larmée américaine ont enfin exposé les preuves détaillées démontrant que lIran fournit les armes qui tuent des soldats américains en Irak. La question désormais est de savoir quelle leçon vont en tirer ladministration Bush et lélite politique américaine et ce qui va changer dans leur politique vis-à-vis de lIran.
Nous supposons que de manière générale, Washington va prétendre que ces preuves sont inexistantes ou va suggérer que ces informations ne sont pas prouvées, ou encore affirmer que le gouvernement de Bush est seul responsable de ces « persécutions » contre lIran. Cette réaction est guidée par limpulsion donnée par les recommandations de la commission Baker-Hamilton à la fin de lannée dernière en faveur dun « engagement » des USA avec Téhéran afin de trouver ensemble une solution diplomatique ou politique honorable en Irak.
Mais les preuves rassemblées sur les munitions de fabrication iranienne montrent à quel point cette idée est illusoire. Les Iraniens ne veulent pas dune solution politique qui permettrait au gouvernement chiite modéré, soutenu par les USA, de diriger Bagdad. Leur objectif est de nous anéantir afin de nous faire repartir chez nous, pour que leurs alliés chiites radicaux puissent semparer du pouvoir et que lIran devienne un centre de pouvoir régional. Ils simaginent également que plus la défaite quils imposeront sera sanglante, moins les États-Unis auront de chances de soutenir un jour un changement de régime à Téhéran ou à Damas.
Des sources du Pentagone affirment que les munitions iraniennes sont apparues en Irak il y a plusieurs années et que des trafiquants darmes ont été arrêtés à la frontière avec lIran. Lélément nouveau est létalage en public de lexistence de ces armes iraniennes et de leur bilan estimé : plus de 170 Américains tués en mission et plus de 600 blessés.
Le principal coupable est une bombe de bord de route fabriquée spécialement, et que larmée a baptisée EFP ou explosively formed penetrator. Contrairement aux obus irakiens faits avec des moyens de fortune utilisés par les extrémistes sunnites contre les forces américaines, lEFP est fabriqué de façon à pénétrer les blindages et est ainsi plus efficace que les Humvees contre les cibles difficiles. La brigade américaine Stryker actuellement à Bagdad en découvre de plus en plus fréquemment dans la ville. Dans le passé, ce type de bombe de bord de route était utilisé au Liban contre les tanks israéliens par les guérillas du Hezbollah soutenues par lIran.
Selon le département à la Défense, les dirigeants iraniens arrêtés récemment par les forces américaines en Irak étaient en possession de documents suggérant quils étaient peut-être impliqués dans le trafic darmes. Un dentre eux, Moshin Chizari, haut commandant des Gardiens de la Révolution, a été arrêté puis libéré en raison de son statut « diplomatique » en décembre. « LIran participe de manière significative aux attaques contre les forces de la coalition et soutient également les violences faites contre les forces de sécurité irakiennes et le peuple irakien », a déclaré un haut responsable à la Défense à Bagdad.
« De manière significative » est une expression lourde de sens ici. Les extrémistes sunnites affiliés à Al Qaïda et au parti Baath de Saddam restent de loin la plus grande menace pour les forces américaines en Irak. Nous ne pensons pas par ailleurs que les informations divulguées à propos de lIran puissent pousser qui que ce soit à perdre de vue la mission première des États-Unis pour les mois à venir : sécuriser Bagdad face au terrorisme sunnite pour que les Irakiens chiites ne recherchent pas une protection auprès des milices.
Toutefois, il serait bon que ladministration Bush et les membres du Congrès fassent comprendre à Téhéran quils ne le laisseront pas tuer des Américains en toute impunité. Le président Bush a évoqué ce sujet dernièrement mais la principale préoccupation au Capitole semble être de décourager M. Bush plutôt que dire à lIran de cesser de tuer des GI. Est-ce quaucun candidat démocrate à la présidence ne va sopposer et dire : peu importe ce quils pensent de lIrak, laide iranienne au massacre dAméricains est un acte hostile ?
Prendre les Gardiens de la Révolution pour cibles ou bien des usines darmes iraniennes, quand elles peuvent être localisées, ne devrait pas être hors de propos lorsque la vie de soldats américains est en jeu. Si le général David Petraeus, nouveau commandant en Irak, pense quune telle pression sur lIran est cruciale pour remplir sa mission à Bagdad, il mérite alors dobtenir le feu vert.
Mais le point le plus important ici concerne la nature du régime iranien et ses ambitions nucléaires. Les provocations de lIran en Irak ont été suffisamment meurtrières, mais elles pourraient être beaucoup plus violentes encore si les mollahs venaient à ne plus craindre léventualité de représailles des États-Unis. En tant que puissance nucléaire, ils pourraient devenir encore plus insouciants et attaquer les intérêts des USA et de ses alliés dans la région. Alors nous verrons à quoi ressemble un vrai tyran.