Iran and its NeighboursIrakWashington n'exclut plus de "discuter" de l'Irak avec l'Iran

Washington n’exclut plus de « discuter » de l’Irak avec l’Iran

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Le Monde, 28 février- Par Corine Lesnes – La secrétaire d’Etat américaine, Condoleezza Rice, a annoncé, mardi 27 février, que le gouvernement irakien allait réunir dans une quinzaine de jours une conférence internationale sur l’Irak à laquelle les Etats-Unis ont décidé de participer, bien que l’Iran et la Syrie soient invités.

Jusqu’à présent, Washington avait refusé de s’asseoir à une table de négociation avec les officiels iraniens tant que Téhéran ne suspendrait pas son programme d’enrichissement d’uranium.Intervenant devant la commission des appropriations du Sénat pour défendre le supplément budgétaire de 3,2 milliards de dollars demandé pour l’Irak et l’Afghanistan par l’administration Bush, Mme Rice a expliqué les termes de cette « nouvelle initiative diplomatique ». Une première réunion, au niveau des ambassadeurs, devrait se tenir avant la mi-mars à Bagdad. Elle serait suivie d’une rencontre au niveau ministériel en avril, peut-être à Istanbul. « Nous espérons que tous les gouvernements vont saisir cette occasion pour améliorer leurs relations avec l’Irak et travailler à la paix et à la stabilité », a dit Mme Rice.

Les pays invités sont les voisins de l’Irak (Syrie, Iran, Jordanie, Koweït, Turquie, Arabie saoudite) et les cinq membres permanents du Conseil de sécurité (Chine, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne et Russie). La deuxième conférence serait élargie aux membres du G8.

PORTE OUVERTE

L’annonce faite par Mme Rice a surpris les observateurs, d’autant qu’elle est intervenue à un moment où les Etats-Unis resserrent plutôt l’étau sur l’Iran dans le dossier nucléaire et que les injonctions à engager la conversation avec Téhéran et Damas ont été rejetées par l’administration Bush.

En décembre 2006, le groupe d’étude sur l’Irak, créé par le Congrès pour faire des recommandations au président américain, avait proposé la tenue d’une conférence régionale similaire. George Bush avait rejeté cette idée lors de sa rencontre de décembre avec le chef du gouvernement britannique, Tony Blair. « Si la Syrie et l’Iran ne sont pas préoccupés par la situation en Irak, ce n’est même pas la peine de participer », avait-il dit. Mme Rice l’avait aussi écartée, affirmant qu’il existait déjà un forum du même genre (le « compact group »). Ce groupe, qui rassemble essentiellement des donateurs, ne s’est pas réuni depuis la conférence de Charm el-Cheikh en 2004. Mme Rice a indiqué, mardi, qu’il se réunirait à l’ONU en mars.

La conférence de Bagdad ne vise qu’à discuter de l’Irak et des moyens de garantir sa stabilité politique. Mais c’est une porte ouverte alors que Washington, qui n’entretient plus de relations diplomatiques avec Téhéran depuis vingt-sept ans, a refusé d’engager le dialogue tant que l’Iran n’aurait pas suspendu l’enrichissement d’uranium. Le porte-parole du département d’Etat, Sean McCormack, n’a pas exclu qu’une rencontre bilatérale entre officiels américains et iraniens puisse se produire. « Il s’agit d’une discussion, pas d’une négociation », a-t-il nuancé.

En novembre 2005, l’ambassadeur en Afghanistan, Zalmay Khalilzad, avait révélé avoir été autorisé par M. Bush à entrer en contact avec les officiels iraniens au sujet de l’Irak. Les Iraniens avaient accepté d’engager des pourparlers mais, en avril 2006, le président Mahmoud Ahmadinejad avait décrété que ce dialogue n’était plus nécessaire.

Quand l’idée est revenue, Mme Rice s’y est opposée, indiquant qu’il n’était pas question que les Etats-Unis se lancent dans un marchandage avec l’Iran en échange de leur aide pour stabiliser l’Irak. Aujourd’hui, elle estime que sa stratégie est calée. « Nous nous sommes réengagés dans la sécurité et la stabilité du Golfe et nous avons rassemblé nos partenaires traditionnels », tels que les pays du Conseil de coopération du Golfe plus l’Egypte et la Jordanie, pour « soutenir les leaders démocratiques en difficulté tels que le premier ministre Siniora au Liban, le président Abbas dans les territoires palestiniens et le premier ministre Maliki en Irak ».

Les démocrates ont apporté leur soutien à la position de la secrétaire d’Etat. « L’administration a raison de changer d’avis », a dit le sénateur Joe Biden. « Nous aurions dû faire cela il y a des années », a déploré le sénateur Harry Reid.

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