Le Monde, 4 mai – Le ministre des affaires étrangères iranien, Manouchehr Mottaki, a profité de son discours, lors de la clôture de la conférence internationale sur l’Irak, vendredi 4 mai, pour attaquer les Etats-Unis, accusant Washington de se livrer à des actes de « terrorisme » en Irak.
« Créer un endroit sûr pour ces terroristes, qui tentent de transformer le territoire irakien en base pour attaquer les voisins de l’Irak, devrait être condamné », a déclaré M. Mottaki, sans pour autant désigner un pays en particulier. Ce n’est que par la suite que le porte-parole de la délégation iranienne à Charm el-Cheikh a confirmé que M. Mottaki faisait bien allusion aux Etats-Unis, qui « se livrent à des actes de terrorisme en Irak ».
Le ministre iranien a affirmé que Washington devrait engager rapidement le retrait de ses troupes du territoire irakien « afin de permettre le retour de la paix et de la stabilité », ajoutant que l’Iran « tenait les auteurs de cette aventure calamiteuse pour responsable de ces conséquences ». Il a également fait allusion à la situation de cinq citoyens iraniens, actuellement détenus dans le nord de l’Irak par les troupes américaines, qu’il a qualifiée de « manquement grave aux conventions internationales ».
L’IRAN A PROFITÉ DE LA CONFÉRENCE POUR « RÉGLER SES COMPTES »
Les mots durs du ministre iranien ont été prononcés au lendemain d’une rencontre entre des experts et des diplomates des deux pays, qui laissaient présager une possible amélioration des relations bilatérales entre les deux pays. La secrétaire d’Etat américaine, Condoleezza Rice, et M. Mottaki s’étaient même croisés lors d’un déjeuner, mais leurs échanges se sont bornés à de simples civilités, selon des témoins.
Sans évoquer les déclarations iraniennes, le ministre des affaires étrangères irakien, Hoshyar Zebari, a indiqué que les entretiens irano-américains au niveau des ambassadeurs étaient « un signe positif ». « L’atmosphère était bonne, en dépit du fait qu’ils avaient des opinions divergentes », a-t-il ajouté. Toutefois, la pique iranienne a été globalement mal perçue par la délégation irakienne, qui a estimé que l’Iran avait profité de cette conférence pour « régler ses comptes », selon un proche du premier ministre, Nouri Al-Maliki.