Par Richard Miniter à Washington et Michel Smith
The Sunday Times – Un hélicoptère de la Royal Navy qui s’est écrasé dans les flammes à Bassora l’année dernière, tuant les cinq personnes à bord, a été abattu par un missile sol-air sophistiqué fourni aux militants irakiens par l’Iran, selon des autorités américaines.
L’Amérique savait que l’Armée du Mahdi, la milice chi’ite radicale, avait obtenu des Iraniens le lance-missile portable, mais ne l’avait pas dit aux Anglais à cause d’une querelle entre le Département d’Etat et la C.I.A. sur la fiabilité de la source, ont dit des sources de renseignements américaines .
L’hélicoptère Lynx, du 847e escadron aérien de la marine, basé à Yeovilton, dans le Somerset, transportait un équipage de trois hommes, plus le commandant de vol John Coxen, l’officier de plus haut rang mort en Irak et le lieutenant de vol Sarah-Jayne Mulvihill, la première militaire britannique tuée en action depuis la deuxième guerre mondiale.
Les témoins ont dit à une enquête à Oxford la semaine dernière qu’ils avaient vu une boule de flamme jaune, caractéristique d’un type particulier de missile, se diriger vers le Lynx. Stuart Drummond a dit : J’ai pensé que c’était un missile. L’hélicoptère a éclaté. Il a été englouti dans les flammes et il est tombé.
On a souvent demandé aux familles des victimes d’abandonner l’enquête quand des détails secrets du missile et l’échec des systèmes défensifs de l’hélicoptère ont été abordés. Le rapport d’un conseil d’enquête sur l’incident a été lourdement corrigé et classé Top Secret Codé, le plus haut degré de secret au Royaume Uni.
C’était parce que les communications téléphoniques interceptées, les rapports de renseignements et les morceaux du missile retrouvés sur le terrain confirmaient qu’il venait d’Iran, ont dit les sources américaines.
Trois jours avant l’attaque, les fonctionnaires du Département d’Etat ont interrogé un Irakien lié à l’armée du Mahdi qui leur a dit que l’Iran avait livré à la milice un missile sol-air russe.
Il était destiné spécifiquement à l’Armée du Mahdi pour abattre un hélicoptère britannique, le nom de code était « Opération capture du faucon ».
Les renseignements n’ont pas été transmis aux Anglais parce que la C.I.A. avait renvoyé le détenu irakien comme fabriquant bien connu, ont dit les sources.
Les allégations sur la participation iranienne interviennent en pleines préoccupations croissantes sur le rôle de l’Iran perturbant des opérations de la coalition tant en Irak qu’en Afghanistan.
Des Browne, le ministre de la Défense, a confirmé le degré de l’implication iranienne dans le sud de l’Irak au début du mois. Bien plus de 80 % de la violence visent les forces britanniques, dont la plupart spécifiquement sous l’influence des Iraniens, a-t-il dit.
Nous nous trouvons entre eux et leurs ambitions de partager le gâteau de ce qui est potentiellement une des villes les plus riches du monde. Montrer à la population locale qu’ils peuvent nous faire partir par la force serait un vrai coup pour eux. C’est dans leurs intérêts que leurs agents nous chassent d’Irak.
Des troupes britanniques et américaines ont mené des batailles rangées contre l’Armée du Mahdi près de la ville d’Amara dans le sud la semaine dernière quand ils ont démantelé un réseau de contrebande d’équipements venant d’Iran pour faire des bombes capable de percer les blindages.
Alors que tout le monde sait que l’Iran essaie d’influencer les événements en Irak du sud en soutenant des attaques contre les forces britanniques, les allégations comme quoi l’Iran soutient les Talibans en Afghanistan n’ont pas, jusque récemment, été prises très au sérieux par les autorités britanniques.
Des Browne est allé plus loin que n’importe quel responsable britannique sur le soutien iranien aux Talibans. C’est un modèle changeant en ce que l’influence iranienne est très importante. Nous avons la preuve pour avancer qu’ils soutiennent les Talibans.
Robert Gates, son homologue américain, a fait des accusations semblables, disant que l’ampleur des envois d’armes par la frontière iranienne en Afghanistan montre que le gouvernement iranien en est conscient.
Gates, un ancien directeur de la C.I.A., a dit qu’il avait vu la récente analyse des services de renseignements qui rend bien clair qu’il existe un flux assez substantiel d’armes.
Les forces de la coalition ont intercepté au moins deux grandes expéditions d’armes entrant en l’Afghanistan depuis l’Iran, l’une près de la frontière avec l’Iran et l’autre près de Kandahar.
C’est au Département d’Etat qu’il a été laissé de faire les allégations les plus virulentes, avec Nicholas Burns, le sous-secrétaire d’Etat, avançant qu’i y avait une preuve irréfutable que le gouvernement iranien était impliqué dans l’envoi d’armes au Taliban.
Les fonctionnaires britanniques, qui avaient précédemment hésité à laisser entendre que l’Iran soutenait les Talibans, ont dit qu’ils voyaient la preuve d’un changement de position de Téhéran.
Cela a semblé être confirmé par l’Amiral Ali Chamkhani, le principal conseiller à la défense de l’ayatollah Ali Khamenei, le guide suprême de l’Iran. Chamkhani a dit au journal Defense News américain que l’Iran avait bloqué des mouvements américains en Irak et en Afghanistan.
Alors que le « partenaire de choix » de l’Iran en Afghanistan est le Front Uni, l’adversaire le plus implacable des Talibans, Téhéran protège ses arrières. Il est aussi ami avec le gouvernement du président Hamid Karzai et investit lourdement en Afghanistan, particulièrement à l’ouest autour de Herat.
Son appui pour les Talibans est considéré semblable à celui du Pakistan, basé sur le fait que dans cinq ou six ans l’Amérique et ses alliés seront partis et les Talibans non seulement existeront toujours, mais pourrait contrôler une grande partie de l’Afghanistan.
Les autorités ont dit que l’Iran se plaisait aussi à tordre la queue à la Grande-Bretagne et à l’Amérique. Un soldat britannique est mort dans un attentat à la bombe de bord de la route visant sa patrouille à Bassora hier.