rtl.be, 24 juillet – Les Etats-Unis ont à nouveau accusé l’Iran, mardi, de renforcer son soutien à des milices combattant les forces de la coalition en Irak, à l’issue d’un second round de pourparlers américano-iraniens sur la sécurité dans ce pays, déchiré par les violences.
« Nous avons constaté que l’activité de ces milices soutenues par l’Iran a augmenté » depuis le 28 mai, date de la première rencontre à Bagdad entre Téhéran et Washington, a dit l’ambassadeur américain à Bagdad Ryan Crocker.
M. Crocker s’adressait à la presse à l’issue de plusieurs heures d’entretiens, qualifiés de « francs et globaux », avec son homologue iranien, Hassan Kazemi Qomi.
Ultérieurement, l’ambassadeur américain a toutefois reconnu que les discussions avaient été difficiles au moment d’abord les accusations de soutien aux milices extrémistes portées par Washington contre Téhéran.
« J’ai dit que nous n’étions pas là pour prouver quoi que ce soit devant un tribunal. Nous sommes là pour leur faire savoir que nous savons ce qu’ils font, et que cela doit cesser », a-t-il déclaré.
La rencontre entre les deux ambassadeurs était la deuxième réunion de ce niveau entre les deux pays depuis la rupture de leurs relations diplomatiques en 1980, après la prise d’otages à l’ambassade des Etats-Unis de Téhéran.
« Ce qui compte ce sont les résultats obtenus sur le terrain », a déclaré l’ambassadeur américain. « Clairement, nous n’avons rien vu pour l’instant », a-t-il déploré.
L’armée américaine accuse régulièrement des groupes liés à l’Iran d’entraîner des mouvements extrémistes irakiens et de leur fournir des armes de type EFP (capables de percer les blindés). Téhéran a toujours démenti.
« Les accusations américaines sont sans fondement et visent à tromper les opinions publiques qui s’inquiètent de la politique guerrière des Etats-Unis », a répliqué mardi à Téhéran le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Mohammad Ali Hosseini.
« Il vaut mieux que les Américains cherchent les moyens de sortir de la crise irakienne (…) et respectent l’indépendance et la volonté du peuple irakien », a-t-il ajouté.
La rencontre, qui s’est déroulée dans les bureaux du Premier ministre irakien Nouri al-Maliki, dans la Zone verte –le secteur ultra-sécurisé de Bagdad–, a néanmoins débouché sur l’idée d’un comité tripartite de sécurité (USA, Iran, Irak), selon des responsables irakiens.
« La rencontre (irano-américaine) a été constructive et nous avons le sentiment qu’elle a produit de réels résultats », a déclaré le chef de la diplomatie irakienne, Hoshyar Zebari.
« Nous sommes parvenus, pour la première fois, à un accord pour travailler ensemble au sein d’un comité de sécurité, afin de servir le peuple irakien », a-t-il dit.
Dans un autre communiqué, le bureau du Premier ministre a ajouté que les « deux parties (iranienne et américaine) avaient réitéré leur soutien au processus démocratique en Irak et décidé de former » un comité de sécurité.
Ce comité tentera de limiter les activités des milices, de lutter contre le réseau terroriste Al-Qaïda et d’instaurer la sécurité aux frontières, a poursuivi le Premier ministre, sans toutefois faire référence aux milices chiites extrémistes que les Etats-Unis accusent l’Iran de soutenir.
De son côté, M. Crocker a ajouté que la composition du nouveau comité n’avait pas été déterminée, tout comme la date à laquelle il devait se réunir.
Intervenant au début de la réunion de mardi, M. Maliki a pressé l’Iran et les Etats-Unis d’unifier leurs efforts pour stabiliser l’Irak.
« J’appelle le monde et nos amis à unifier leurs efforts pour faire face au terrorisme et combattre Al-Qaïda », a-t-il dit.
Quelques heures avant la réunion, un kamikaze avait fait exploser sa voiture en face de l’hôpital pour enfants de Hilla, une ville chiite à 120 km au sud de Bagdad, faisant 26 morts et 69 blessés, pour la plupart des femmes et des enfants.