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En Iran, un haut dignitaire, Ali Larijani, dénonce l’incapacité américaine à « gérer la crise en Irak

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Le Monde, 25 juillet – Natalie Nougayrède – Les Etats-Unis « n’ont pas été en mesure de gérer la crise en Irak » : c’est le constat que fait le secrétaire du Conseil suprême iranien de sécurité nationale, Ali Larijani, haut dignitaire de la République islamique et représentant du Guide, l’ayatollah Ali Khamenei au Conseil. Il est assis à Téhéran dans une vaste salle de réunion ornée comme il se doit du portrait du Guide et de son prédécesseur, l’ayatollah Khomeiny. M. Larijani est un conservateur de tendance dure.

Dans les années 1980, il a été chef des Gardiens de la révolution, les pasdarans, l’armée idéologique du régime dont est issu l’actuel président iranien, le radical Mahmoud Ahmadinejad. Lorsqu’Ali Larijani a été nommé par ce dernier, en août 2005, négociateur en chef pour les questions nucléaires, les discussions avec les Occidentaux sur les activités de l’Iran dans le domaine atomique ont aussitôt pris une tournure plus difficile. La position de Téhéran n’a cessé de se durcir.

A écouter M. Larijani, ce mardi 24 juillet, alors qu’il accorde un long entretien à un groupe de journalistes européens et américains, la nette impression qui se dégage est que c’est bien l’enlisement américain en Irak qui, pour ce haut responsable iranien, fait que son pays serait à l’abri de frappes militaires contre ses installations nucléaires. Le même jour, à Bagdad, des discussions – les deuxièmes en deux mois – ont lieu entre représentants américains et iraniens sur les problèmes de sécurité en Irak. Des discussions qualifiées « d’échanges houleux » par l’ambassadeur américain à Bagdad, Ryan Crocker. M. Larijani ne semble pas, lui non plus, en attendre de grandes avancées. Il se livre à une description sans appel des actions américaines en Irak. Il laisse aussi filtrer une inquiétude sur le sort du gouvernement irakien de Nouri Al-Maliki, que l’Iran soutient depuis le début, dans une stratégie d’appui à la communauté chiite et d’influence régionale.

Ali Larijani accuse sans les nommer les pays arabes sunnites de se livrer à un travail de sape du gouvernement Maliki en livrant des armes et des soutiens aux groupes extrémistes sunnites d’Irak. L’accusation est formulée comme une réponse à celles que les Etats-Unis ne cessent d’adresser à l’Iran. Washington exige que la République islamique cesse d’équiper et d’entraîner des groupes d’insurgés qui s’en prennent aux troupes américaines, ce que Téhéran dément formellement.

« L’Iran est le seul pays de la région à avoir soutenu la démocratisation de l’Irak, après la fin de la dictature sanglante de Saddam Hussein, dit M. Larijani. Alors que, je le rappelle, les pays amis des Etats-Unis dans la région n’ont pas appuyé ce processus. »

L’Iran réclame le retrait des troupes américaines. Interrogé sur le risque d’intensification de la guerre civile que se livrent chiites et sunnites en Irak, au cas où un tel retrait se produirait, le responsable iranien cherche à minimiser le danger, et évoque une méconnaissance du contexte par les Occidentaux.

FACTEURS EXTÉRIEURS

« La guerre civile à laquelle vous faites allusion comporte des éléments étrangers à l’Irak. Nous, Iraniens, connaissons bien ce pays, vous savez. Je suis moi-même né à Najaf (ville sainte chiite en Irak). Le problème qui se pose est dû à des facteurs extérieurs. Une réunion des chefs des services de renseignement de plusieurs pays de la région s’est tenue il y a quelque temps dans un pays proche de l’Irak, durant laquelle de mauvaises décisions ont été prises. Celles-ci ont mené à une détérioration en Irak provoquée, donc, de l’extérieur », affirme M. Larijani.

Il évoque ainsi, sans l’expliciter, un soutien des pays sunnites de la région à des groupes armés opposés au gouvernement Maliki. Quant aux Etats-Unis, dit-il, à part le fait que Saddam Hussein ait été renversé, le bilan en Irak est un échec total. « Seuls 3 % des Irakiens pensent aujourd’hui que les troupes américaines et britanniques sont venues les libérer », affirme-t-il. « Les troupes d’occupation ont atteint le stade où elles sont obligées de coopérer avec les factions baasistes ! L’ambassadeur américain à Bagdad a eu des réunions avec des groupes terroristes, et il s’est même engagé à leur fournir des armes. Et des pays amis des Etats-Unis dans la région coopèrent avec cela », poursuit le dignitaire iranien.

« Les Américains ont transformé l’Irak en vaste garnison, avec des baraquements le long des routes, et des soldats qui font irruption dans les maisons, qui défoncent des portes… Je me suis rendu en avril en Irak et j’ai voulu me déplacer en voiture. Je me disais que j’allais ainsi mettre en valeur le succès du gouvernement Maliki pour assurer la sécurité. J’ai dit à Maliki : »Je viens en voiture. » Mais il m’a répondu : « C’est trop dangereux. Je vais vous fournir des hélicoptères. » »

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