AFP: Un important parti sunnite est revenu jeudi sur sa décision de boycotter les législatives du 7 mars en Irak en justifiant ce nouveau revirement par le danger dans lequel serait plongé le pays si le Bloc irakien, la liste à laquelle il était associé, ne gagnait pas ce scrutin.
"Nous sommes inquiets par la détérioration de la situation qui résulterait en Irak de l’échec du Bloc irakien et nous sommes convaincus que sans nous il risque de ne pas gagner. C’est pourquoi nous avons décidé de lui apporter notre soutien afin qu’il arrive en tête et favorise le changement dans le pays", a déclaré à l’AFP Saleh Moutlaq, leader du Front du dialogue national.
"Nous appelons le peuple irakien à voter massivement pour contrecarrer les opérations de fraude en dépit des réserves que nous avons eues sur le processus électoral en raison notamment de l’exclusion de candidats qui porte atteinte à la légitimité des élections."
Samedi, il avait annoncé qu’en raison de "l’interférence" iranienne, il refusait de participer aux élections. Le Front du dialogue national, qui comptait neuf députés dans la dernière législature, présente 175 candidats dans tout le pays.
Il s’appuyait sur les remarques du général Ray Odierno, commandant des troupes américaines en Irak, qui avait accusé mardi deux responsables politiques irakiens au coeur d’une polémique sur l’élimination de candidats aux législatives d’avoir des liens avec les Gardiens de la révolution iraniens.
Dirigée par Ali al-Lami et Ahmed Chalabi, la Commission responsabilité et justice a éliminé près de 456 candidats, dont Saleh al-Motlaq pour des liens présumés ou apologie du parti Baas de Saddam Hussein.
La décision du Front de boycotter était déjà un retournement de situation car le 15 février, Saleh al-Motlaq avait dit à des chefs de tribus: "Ils veulent que nous boycottions les élections mais nous ne leur ferons pas ce plaisir car nous avons encore en bouche le goût amer du boycottage en 2005."
La communauté sunnite, qui représente un quart de la population, était sous-représentée au Parlement à cause de son refus massif de participer au scrutin de décembre de 2005, tant en raison des menaces des rebelles que du refus d’accepter après 80 ans de domination que les chiites puissent prendre les commandes.
Selon les analystes politiques interrogés par l’AFP dans les régions, le Bloc irakien –qui regroupe 22 composantes– arriverait en tête dans trois des quatre provinces à majorité sunnites: Anbar à l’ouest, Ninive au nord et Salahedine au centre. Dans le gouvernorat de Diyala, au nord-est de Bagdad, il se place derrière le Front de la Concorde, une coalition sunnite.