Iran and its NeighboursIrakL'Iran multiplie les incursions contre les Kurdes en Irak

L’Iran multiplie les incursions contre les Kurdes en Irak

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Le Figaro : Par Fatma KIZILBOGA – Les victimes collatérales du conflit indépendantiste kurde situé au carrefour de l’Irak, de l’Iran et de la Turquie se chiffrent par milliers.

Perchée à plus de deux mille mètres d’altitude dans les monts du Qandil, la route qui mène du Kurdistan irakien à l’Iran, traditionnellement connue pour son trafic de contrebande, est désormais ponctuée de camps de réfugiés installés à l’improviste. Situé à une trentaine de kilomètres de la frontière entre les deux pays, le village de Zharawa se démarque du paysage par ses dizaines de tentes de fortune, accueillant des familles qui ont fui les combats entre l’armée iranienne et les rebelles du PJAK, le Parti pour une Vie libre au Kurdistan.

«Nous étions habitués aux tirs des soldats iraniens, mais la situation est devenue trop dangereuse pour rester», explique Ronak, assise en tailleur au chevet de Kani, sa fillette âgée de trois ans, souffrant de déshydratation aiguë. «Nous avons tout perdu», résume-t-elle, désespérée.

Les victimes collatérales du conflit indépendantiste kurde situé au carrefour de l’Irak, de l’Iran et de la Turquie se chiffrent par milliers. Derniers exemples en date, quatre membres d’une même famille qui ont trouvé la mort lors du bombardement de leur maison, dans la nuit de samedi à dimanche, par les Forces armées turques (TSK). Si, depuis près de trois décennies, la Turquie mène une lutte sans merci contre les quelque quatre mille rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) retranchés dans les monts du Qandil, la synchronisation des combats semble aujourd’hui démontrer que l’Iran a décidé de soutenir son nouvel allié régional dans l’anéantissement de la rébellion kurde.

Menace de riposte 

«L’Iran est un pays doté d’une vieille tradition diplomatique et se sert de la Turquie dans ses propres intérêts. Mais, dans le cas où les négociations concernant le nucléaire iranien échoueraient, cette alliance ne ferait pas long feu», estime Ahmet Deniz, le porte-parole du PKK. Depuis plus d’un mois, le regain des incursions terrestres et aériennes des deux plus puissantes armées de la région dans le nord de l’Irak, perçues comme la dernière illustration du rapprochement entre Ankara et Téhéran amorcé sur le dossier nucléaire iranien, inquiète. Il assombrit l’avenir du pays, en pleine crise politique depuis les élections législatives du 7 mars.

Le Gouvernement régional kurde (KRG), responsable du contrôle des frontières du nord de l’Irak avec l’Iran et la Turquie – et à la tête de la région la plus stable du pays -, peine à faire entendre ses appels au calme et au respect de la souveraineté territoriale. Téhéran et Ankara, qui l’accusent de fermer les yeux sur la présence du PJAK et du PKK, ne reconnaissent que Bagdad comme unique interlocuteur sur la question. Une situation d’autant plus difficile à gérer que le vide politique né des difficultés à former le nouveau gouvernement irakien persiste.

Mais, au-delà de ce qui pourrait s’apparenter à une crise diplomatique, les Kurdes soupçonnent l’Iran de vouloir les mettre au pas afin d’ouvrir la voie à l’Alliance nationale chiite, désormais à quelques sièges à peine de la majorité parlementaire.

Alors que les tractations entre les différentes formations politiques continuent, Téhéran voit d’un très mauvais œil un éventuel rapprochement entre la liste du Block irakien d’Iyad Allaoui et l’Alliance kurde, qui permettrait un retour sur la scène politique des sunnites à la tête d’un gouvernement soutenu par les États-Unis. Samedi 19 juin à Bagdad, lors d’une conférence de presse commune avec le général américain Michael Barbero, directeur adjoint des opérations interarmées, le chef d’état-major irakien, Babekir Zebari, s’est voulu menaçant : «Si les Forces iraniennes traversent à nouveau la frontière au Kurdistan, nous répondront à ces attaques afin de défendre la région.»

Un bras de fer dangereux, à quelques semaines du retrait total des troupes de combat américaines prévu fin août.

http://www.lefigaro.fr/international/2010/06/21/01003-20100621ARTFIG00748-l-iran-multiplie-les-incursions-contre-les-kurdes-en-irak.php

 

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