
Le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-Moon a appelé une nouvelle fois lundi l’Iran à imposer un moratoire sur les exécutions capitales, à la suite de l’exécution la semaine dernière de deux jeunes, a rapporté l’AFP.
Dans un communiqué, M. Ban se dit « profondément attristé » par l‘exécution de deux jeunes pour des actes commis lorsqu’ils étaient mineurs, ce qui contrevient à la Convention internationale sur les droits des enfants, ratifiée par l’Iran.
Ces deux exécutions « reflètent une tendance inquiétante » en Iran, où au moins 700 personnes ont été exécutées depuis janvier, la plupart pour des affaires de drogue. Il s’agit du nombre le plus élevé depuis 12 ans, souligne M. Ban.
Il réaffirme l’opposition des Nations unies à la peine capitale et « demande au gouvernement iranien de mettre en place un moratoire sur les exécutions en vue d’abolir la peine de mort ».
Mme Fatemeh Salbehi avait été pendue après sa condamnation pour la mort de son mari qu’elle avait été forcée d’épouser à l’âge de 16 ans. Un autre jeune, Samad Zahabi, a été exécuté en secret. Il avait été condamné en mars 2013 pour la mort d’un autre jeune alors qu’il était âgé de 17 ans.
Par ailleurs, trois experts des Nations unies pour les droits de l’Homme ont condamné vendredi l’exécution des deux jeunes et considéré que Téhéran violait ainsi les lois internationales et conventions signées.
Fatemeh Salbehi est la 11ème femme exécutée cette année en Iran où au moins 700 personnes ont été exécutées depuis janvier, souligne l’ONU.
« Ces exécutions sont un exemple troublant d’une augmentation du nombre d’exécutions et posent des questions sur le caractère équitable des procès dans la République Islamique d’Iran », affirme dans ce communiqué Ahmed Shaheed, rapporteur spécial de l’ONU sur les droits de l’Homme en Iran.
« Il s’agit d’exécutions illégales commises par l’Etat, l’équivalent de meurtres commis par des individus », affirme Cristof Heyns, rapporteur de l’ONU sur les exécutions sommaires. « Exécuter un jeune prévenu, particulièrement après un procès douteux, va directement à l’encontre de la Convention internationale sur les droits des enfants, à laquelle l’Iran est partie. L’Iran doit immédiatement cesser de tuer des enfants », affirme M. Heyns.
Ces experts de l’ONU, appuyés par Mme Dubravka Simonoviae, rapporteur spéciale sur les violences contre les femmes, appellent une nouvelle fois l’Iran à un moratoire immédiat des exécutions en vue d’abolir la peine de mort.
De son côté, l’Union européenne s’est dite préoccupée par « le nombre élevé des exécutions en Iran, notamment des exécutions pour le trafic de la drogue qui n’est pas classé parmi ‘les crimes les plus graves’ dans le droit international humanitaire. Les condamnations à la peine capitale pour les crimes commis par des personnes âgées de moins de dix-huit ans sont contraires aux obligations internationales de l’Iran en vertu du Pacte international relatif aux droits civils et politiques et de la Convention relative aux droits de l’enfant. »
Dans un communiqué le 15 octobre, Said Boumedouha, directeur adjoint du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International a déclaré : « Le recours à la peine de mort est cruel, inhumain et dégradant dans tous les cas, mais il est particulièrement choquant lorsqu’il vient punir un crime commis par une personne qui était mineure au moment des faits, et que cette sentence est prononcée à l’issue d’une procédure qui vide de son sens la justice pour mineurs ».