Iran Focus, Téhéran, 22 juillet Une diplomate de lambassade des Pays-Bas à Téhéran a révélé que les prisonniers politiques incarcérés dans une prison notoire dIran étaient systématiquement torturés et délibérément harcelés pour leur opposition au pouvoir religieux.
Le rapport de Loes Bijnen, qui est dabord paru sur un site en persan, offre un récit choquant du traitement des prisonniers politiques dans la prison de Radjaï-Chahr à Karadj, une grande ville à louest de la capitale iranienne. Le site de lambassade du Royaume des Pays-Bas identifie Mme Bijnen comme deuxième secrétaire du département politique de lambassade.
« Aller à [la prison de Radjaï-Chahr de »> Karadj est un châtiment sévère. Quand quelquun y met le pied, toute humanité disparaît », écrit la diplomate hollandaise après avoir enquêté sur la situation dans cette prison.
Le rapport est apparu au lendemain de la publication par le quotidien ultraconservateur Ressalat dune lettre de deux anciens prisonniers de la prison de Radjaï-Chahr, qui remerciaient le gouverneur de la prison Ali Hadji-Kazem pour son « traitement excellent » des prisonniers. Lagence de presse officielle IRNA a publié une interview de Hadji-Kazem dans laquelle il décrit la prison de « centre déducation modèle ».
Les efforts pour faire de la prison de Radjaï-Chahr un portrait idéal viennent à la suite des vastes répercussions dune grève de la faim des prisonniers politiques commencée au début du mois. Excédés par la fuite des nouvelles sur les grèves de la faim, les autorités carcérales ont coupé tous les contacts entre les prisonniers et le monde extérieur, selon les familles des détenus.
Le rapport de la diplomate néerlandaise, posté sur le site Rooz, fait la lumière sur les techniques autres que la torture pour briser les prisonniers politiques. On « les force à partager des cellules avec des prisonniers dangereux, comme des criminels, des violeurs et des drogués », écrit-elle. La diplomate ajoute que les dissidents à Radjaï-Chahar sont maintenus au mitard pendant des mois.
Mme Bijnen note dans son rapport que « les morts mystérieuses » sont monnaie courante à Radjaï-Chahr. Elle affirme que des prisonniers sont traités avec une singulière brutalité. Arjang Davoudi, un ingénieur de 49 ans, enseignant et poète a été condamné à 15 ans de prison et 70 coups de fouet pour avoir aidé un journaliste étranger à produire secrètement un documentaire sur la photojournaliste canadienne Zahra Kazemi assassinée sous la torture à la prison dEvine en été 2003.
La diplomate hollandaise décrit en détail le passage à tabac de Davoudi en prison et révèle quil est resté en isolement carcéral plus de 100 jours.
Hodjat Zamani, membre dun groupe dopposition iranien, les Moudjahidine du peuple dIran, qui a été condamné à mort, Valiollah Feiz-Mohammadi et Jafar Aghdami sont parmi dautres prisonniers politiques ayant subi des mauvais traitements, écrit Bijnen.
Bina Darabzand, un homme de 46 ans, a été condamné à trois ans et demi de prison pour « manifestation illégale » devant le siège des Nations Unies à Téhéran en août 2004. Darabzand avait pris part à une protestation des familles de prisonniers politiques.
Mehrdad Lohrasbi, un libraire, a été condamné à quinze ans de prison pour avoir pris part en juillet 1999 à des manifestations étudiantes dans la capitale iranienne. Bijnen rapporte quil a été systématiquement battu par les gardiens de la prison.
Un autre prisonnier politique sur lequel a écrit la diplomate néerlandaise se nomme Amir Saran, un militant politique, condamné à huit ans de prison. Elle écrit que Saran sest mis en grève de la faim pour protester contre lélection présidentielle de juin 2005, disant quil sagissait dune mascarade.
« Pourquoi est-ce que les journaux occidentaux sont restés silencieux sur cette calamité ? », écrit la diplomate néerlandaise. « Pourquoi ignorent-ils la douleur insupportable dinnombrables personnes dans les prisons dIran et mais cependant écrivent de nombreuses nouvelles sur le projet nucléaire de lIran ? »