Jeudi 6 décembre, Amnesty International a publié son dernier rapport sur les conditions des opposants au régime iranien et des détenus lors des manifestations de 2022 en Iran.
L’organisation a déclaré que les forces de sécurité du régime ont largement eu recours aux agressions sexuelles et à d’autres formes de violence sexuelle pour intimider les manifestants et les opposants.
Le rapport documente en détail les épreuves atroces de 45 survivants des manifestations nationales de 2022, dont 26 hommes, 12 femmes et sept enfants, qui ont été victimes de viols, de viols collectifs et/ou d’autres formes de violences sexuelles de la part des forces de renseignement et de sécurité.
Le rapport révèle que les auteurs de viols et d’autres formes de violences sexuelles comprenaient des agents des Gardiens de la révolution, de la force paramilitaire Basij et du ministère du Renseignement, ainsi que différentes branches des forces de police, notamment la police de sécurité publique (police amniat-e omoumi), l’Unité d’enquête de la police iranienne (agahi) et les forces spéciales de la police (yegan-e vijeh).
Le rapport dit notamment : « Des agents de l’État ont violé des femmes et des filles par voie vaginale, anale et orale, tandis que des hommes et des garçons ont été violés par voie anale. Les survivantes ont été violées avec des matraques en bois et en métal, des bouteilles en verre, des tuyaux d’arrosage et/ou les organes sexuels et les doigts des agents. Les viols ont eu lieu dans des centres de détention et des fourgons de police, ainsi que dans des écoles ou des immeubles résidentiels illégalement transformés en lieux de détention.
Les viols et autres violences sexuelles étaient fréquemment accompagnés d’autres formes de torture et de mauvais traitements, notamment des passages à tabac, des flagellations, des décharges électriques, l’administration de pilules ou d’injections non identifiées, le refus de nourriture et d’eau et des conditions de détention cruelles et inhumaines. Les forces de sécurité ont également systématiquement refusé des soins médicaux aux survivantes, notamment en cas de blessures liées à un viol.
L’écrasante majorité des survivants ont déclaré à Amnesty International qu’ils n’avaient pas porté plainte après leur libération, craignant de subir davantage de préjudices et estimant que le système judiciaire était un outil de répression plutôt que de réparation.
Amnesty International a également examiné un document officiel divulgué, daté du 13 octobre 2022, et publié par un média hors d’Iran en février 2023, qui révèle que les autorités ont dissimulé des plaintes pour viol déposées par deux jeunes femmes contre deux agents des Gardiens de la révolution lors des manifestations. Le procureur adjoint de Téhéran a conseillé dans le document de classer l’affaire comme « totalement secrète » et a suggéré de « clore [l’affaire] progressivement au fil du temps ».
« Nos recherches révèlent comment les agents des renseignements et de la sécurité en Iran ont eu recours au viol et à d’autres violences sexuelles pour torturer, punir et infliger des dommages physiques et psychologiques durables aux manifestants, notamment à des enfants âgés d’à peine 12 ans. le recours aux violences sexuelles comme une arme clé dans l’arsenal des autorités iraniennes pour réprimer les manifestations et réprimer la dissidence afin de s’accrocher au pouvoir à tout prix », a déclaré la secrétaire générale d’Amnesty International, Agnés Callamard.
« Amnesty International a fait part de ses conclusions aux autorités iraniennes le 24 novembre, mais n’a jusqu’à présent reçu aucune réponse », a déclaré Callamard.
« Sans volonté politique et sans réformes constitutionnelles et juridiques fondamentales, des obstacles structurels continueront de nuire au système judiciaire iranien, qui a maintes fois révélé son incapacité et son refus honteux d’enquêter efficacement sur les crimes relevant du droit international », a ajouté Callamard.
Agnés Callamard s’est adressée aux pays libres en déclarant : « Nous exhortons les États à ouvrir des enquêtes pénales dans leur propre pays contre les auteurs présumés, selon le principe de compétence universelle, en vue d’émettre des mandats d’arrêt internationaux.»