AFP, Téhéran, 8 août – Des agents de la justice ultra-conservatrice ont fait irruption lundi matin et fouillé le domicile du plus emblématique des prisonniers politiques iraniens, Akbar Ganji, actuellement en grève de la faim en détention, a indiqué sa famille.
« La fille de Ganji, terrifiée, m’a appelé pour me demander de l’aide parce que des agents du parquet de Téhéran étaient en train de fouiller la maison », a déclaré à l’AFP un ami de la famille, Issa Saharkhiz, personnalité réformatrice et confrère du journaliste emprisonné.
Les individus ont forcé le passage comme la famille d’Akbar Ganji essayait de l’empêcher d’entrer, a dit l’une de ses filles à Issa Saharkhiz.
On ignore les raisons de cette opération.
Mais elle « pourrait annoncer l’ouverture d’un nouveau dossier contre Ganji ou contre sa femme », a dit Issa Saharkhiz.
Il a relevé que la femme d’Akbar Ganji, Massoumeh Shafiie, était visée à son tour par la presse conservatrice.
Massoumeh Shafiie a déjà indiqué que le parquet de Téhéran, dirigé par le redouté Saïd Mortazavi, l’avait pressée de cesser de parler aux médias.
Akbar Ganji, 46 ans, en était lundi à son 59ème jour de grève de la faim pour obtenir sa libération sans condition.
Il a été condamné en 2001 à six ans de prison après un article mettant en cause plusieurs dignitaires dans une série de meurtres d’intellectuels et d’écrivains.
Son attitude de défi et la mobilisation en sa faveur ont crispé la justice, bastion conservateur.
Après l’intervention de l’ancien président réformateur Mohammad Khatami, le chef de la justice, l’ayatollah Mahmoud Hachémi Chahroudi, avait envisagé une grâce. Mais il n’en est plus question à présent, malgré les nouvelles alarmantes sur l’état de santé du dissident.
La justice a aussi accru la pression sur le cercle des avocats qui défend Akbar Ganji et que dirige le Nobel de la paix Shirin Ebadi.
La justice prend mal les appels à sa libération immédiate lancés par l’Union européenne, le président américain George W. Bush ou les organisations internationales de défense des droits de l’Homme.
Akbar Ganji a été transféré le 17 juillet de sa prison à l’hôpital pour y subir, selon la justice, une opération au ménisque. Il reste sous étroite surveillance et rien n’indique qu’une opération ait effectivement été pratiquée.