AFP, Téhéran, 5 août – La justice iranienne a jugé « illégale » l’activité du groupe de défense des droits de l’Homme de l’avocate iranienne et prix Nobel de la paix Shirin Ebadi, a rapporté samedi un quotidien iranien.
« Comme le groupe qui s’appelle le Centre des défenseurs des droits de l’Homme n’a pas obtenu de permis du ministère de l’Intérieur, ses activités sont illégales et ceux qui violent cette décision seront poursuivis », a dit le ministère dans un communiqué, cité par le quotidien centriste Shargh, et publié sur le site internet du ministère.
Mais Mme Ebadi a protesté, en se référant à la Constitution: « les organisations non-gouvernementales qui observent la loi et ne troublent pas l’ordre public n’ont pas besoin de permis. Ainsi (…) le Centre n’a pas besoin d’autorisation » pour fonctionner, a-t-elle dit au journal.
Elle a précisé que malgré cela le Centre avait demandé un permis, mais que le ministère de l’Intérieur a refusé de le lui délivrer et d’expliquer pourquoi.
« Nous allons contester la décision du ministère (jugeant illégales les activités du centre, ndlr) et nous épuiserons toutes les voies légales pour obtenir nos droits », a dit Mme Ebadi.
Le Centre des défenseurs des droits de l’Homme a été créé par six avocats de renom et est dirigé par la lauréate du prix Nobel.
Il défend aussi bien les droits de l’Homme, que ceux des minorités, et a pris notamment la défense de nombreux dissidents et prisonniers d’opinion.
Un des membres du Centre, l’avocat Abdolfattah Soltani, accusé de propagation d’informations confidentielles et d’opposition au régime, a été condamné à cinq ans de prison.
M. Soltani avait défendu le journaliste Akbar Ganji, ainsi que les intérêts de la famille d’une photographe irano-canadienne, Zahra Kazemi, décédée de coups à la tête alors qu’elle était en détention à Téhéran en 2003.
Mardi, le groupe de Mme Ebadi avait demandé une enquête indépendante sur le décès « suspect » d’un étudiant dissident, Akbar Mohammadi, à la suite d’une grève de la faim.