Reuters, Paris De Astrid Wendlandt Patricia Russo, présidente du groupe franco-américain récemment fusionné Alcatel-Lucent, naura pas le droit, en tant que citoyenne américaine, de faire des affaires avec lIran, a-t-elle annoncé vendredi.
Elle na cependant pas précisé si cela causerait des problèmes pour sa société basée à Paris qui entretient de longues relations commerciales avec lIran.
Cette compagnie française a conclu la modernisation des réseaux télécoms de Téhéran dans un contrat signé en 2001, a créé le premier réseau Internet haut débit ADSL en Iran et fournit des systèmes de communication pour des usines de gaz dans le pays.
« La loi minterdit de faire des affaires en Iran », a déclaré Mme Russo lors dune conférence de presse à Paris à loccasion du premier jour de coopération entre les deux sociétés en tant que groupe fusionné.
« Très clairement, nous devons respecter la loi américaine sappliquant aux citoyens américains, et ceux-ci ne peuvent pas faire daffaires dans les pays sanctionnés par les Etats-Unis », a ajouté Patricia Russo.
LAmérique appelle le Conseil de Sécurité de lONU à imposer des sanctions contre lIran en raison de son refus de stopper ses travaux denrichissement duranium, processus pouvant servir à fabriquer du combustible pour des centrales nucléaires ou du matériel pour des têtes nucléaires.
« Si Alcatel poursuivait activement ses relations commerciales avec lIran, cela pourrait créer des tensions entre les USA et la France au moment où les Etats-Unis tentent dinciter ce pays à soutenir la campagne visant à imposer des sanctions contre lIran », a affirmé Antonia Handler Chayes, professeur à la Fletcher School of Law and Diplomacy de Boston et ancienne sous-secrétaire de la Force aérienne américaine sous le mandat de Carter.
Lucent a signé avec le gouvernement américain de nombreux contrats de défense et dautres contrats classifiés, ce qui inquiète particulièrement les sénateurs pour des raisons de sécurité nationale.
La commission de linvestissement étranger aux Etats-Unis (CFIUS) a recommandé au président George W. Bush dapprouver lacquisition de Lucent par Alcatel mais avec lapplication dun certain nombre daccords.
Un dentre eux consiste à ce que le gouvernement puisse réexaminer le contrat dans le cas où la société ne se soumettait pas concrètement aux conditions de sécurité.
Cela lui permettrait de « réviser toutes recommandations soumises au président », a déclaré la Securities and Exchange Commission américaine le 20 novembre.
Certains avocats américains ont affirmé vendredi quils ne pensaient pas que la fusion entre Lucent et Alcatel et la nationalité de Patricia Russo ne puissent créer de problèmes mais ils ont toutefois suggéré que les deux sociétés restent prudentes.
Le département juridique dAlcatel-Lucent nétait pas disponible vendredi pour faire des commentaires.
« Alcatel ne peut se servir delle pour faire des affaires en Iran », a déclaré vendredi un professeur de droit international qui na pas souhaité être identifié.
Il a avancé quAlcatel-Lucent allait probablement sentendre sur une forme quelconque de structure qui ferait en sorte quelle (Patricia Russo) nait rien à voir avec les transactions avec lIran.
Un avocat de New York, spécialiste du droit international des affaires, et qui a également refusé dêtre identifié, a déclaré : « Il existe des moyens légaux leur permettant de traiter avec lIran, par lintermédiaire dune filiale par exemple ».