Reuters, Berlin, 9 mai – L’Iran s’exposera en juin à de nouvelles sanctions s’il persiste à ignorer les exigences de l’Onu concernant l’arrêt de ses activités d’enrichissement de l’uranium, a déclaré un responsable américain en marge d’une réunion préparatoire au G8 de juin en Allemagne.
« Si l’Iran ne dit pas oui à des négociations (…), il découvrira une troisième résolution du Conseil de sécurité (en faveur de sanctions) au mois de juin », a dit le secrétaire d’Etat adjoint Nicholas Burns à des journalistes à l’ambassade des Etats-Unis à Berlin.
Les Nations unies ont imposé deux séries de sanctions à Téhéran après son rejet des résolutions qui lui enjoignent de stopper ses recherches nucléaires.
Burns n’a pas avancé de date limite pour la suspension des activités d’enrichissement iraniennes mais il a dit que le moment serait venu d’alourdir les sanctions si Téhéran n’avait pas changé d’attitude lorsque le Groupe des Huit (G8) se réunirait début juin.
Les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, la France et l’Allemagne ont fait de l’arrêt de l’enrichissement une condition de l’ouverture de négociations. L’Iran se dit prêt à négocier sauf s’il doit pour cela suspendre l’enrichissement d’uranium.
Burns se trouve à Berlin pour préparer avec les directeurs politiques des pays du G8 le sommet prévu en juin à Heiligendamm (Allemagne), et pour des consultations sur l’Iran avec l’Allemagne et les quatre autres membres permanents du Conseil de sécurité de l’Onu (Russie, Grande-Bretagne, France et Chine).
Des responsables américains ont rapporté que les six grandes puissances prévoyaient au départ de se réunir mercredi pour discuter de l’Iran mais qu’elles avaient ensuite décidé d’aborder la question jeudi.
GEL D’ACTIFS
Parmi les points examinés figurera le contenu d’un éventuel nouveau projet de sanctions de l’Onu, ont déclaré des diplomates. La Chine participera aux consultations par téléphone, a précisé Burns.
Parmi les sanctions envisagées figure un élargissement de la liste des banques iraniennes concernées par un gel de leurs actifs à l’étranger, ont déclaré plusieurs diplomates.
Martin Jaeger, porte-parole du ministère allemand des Affaires étrangères, a dit en revanche que les sanctions ne seraient pas à l’ordre du jour. Les délégués comptent préparer la prochaine rencontre de Javier Solana, représentant diplomatique de l’Union européenne, avec Ali Larijani, chef des négociateurs iraniens pour le nucléaire.
Solana, qui a rencontré Larijani récemment, a dit que l’entrevue avait été très difficile en raison du refus répété de l’Iran de suspendre ses activités d’enrichissement.
Les Etats-Unis et leurs alliés européens soupçonnent l’Iran de chercher à se doter d’un arsenal nucléaire sous le couvert d’un programme civil. Téhéran rejette l’accusation et assure que son programme vise à produire de l’électricité pour sa consommation intérieure et à favoriser ses exportations d’hydrocarbures.
Un représentant du G8 a dit que le projet de déclaration sur la non-prolifération nucléaire qui doit être approuvée au sommet réclamait un durcissement des pressions exercées sur l’Iran en cas de non-respect des exigences formulées précédemment.
L’Allemagne exerce la présidence du G8, dont les autres membres sont les Etats-Unis, la Russie, la Grande-Bretagne, la France, l’Italie, le Canada et le Japon.
Plusieurs diplomates ont rapporté que les grandes puissances étaient satisfaites de l’impact des sanctions déjà imposées en décembre puis en mars par le Conseil de sécurité. Elles croient percevoir une inquiétude croissante en Iran au sujet de ces pressions économiques.
Mais dans une interview publiée mercredi par le Financial Times, le vice-ministre iranien des Affaires étrangères affirme que les sanctions restent sans impact.