AFP, Téhéran, 15 septembre – Le touriste belge Stefaan Boeve, détenu pendant plus d’un mois par des bandits dans le sud-est de l’Iran, a retrouvé sa famille samedi lors d’une cérémonie à Téhéran en présence des chefs de la diplomatie des deux pays.
M. Boeve, 28 ans, est apparu au cours d’une conférence de presse, accompagné de ses parents, Godelieve Vanderpoorten et Daniel Boeve, et aux côtés des ministres des Affaires étrangères iranien Manouchehr Mottaki et belge Karel De Gucht.
Le touriste belge avait été enlevé le 12 août par des trafiquants de drogue, selon Bruxelles, dans une région du sud-est du pays à la sécurité précaire, en même temps que sa compagne de voyage, Carla Van den Eeckhout. Cette Anversoise de 37 ans avait toutefois été libérée deux jours plus tard.
M. Boeve, qui a gardé le silence devant la presse, a « été libéré avec succès il y a deux jours, grce à un gros travail du gouvernorat de la province de Sistan-Balouchistan », a dit M. Mottaki.
Selon lui, le ministre de l’Intérieur iranien a bénéficié d’une assistance de « personnes des services de sécurité belges » pendant la crise, et un vice-ministre belge des Affaires étrangères, qu’il n’a pas nommé, a fait trois fois le déplacement en Iran.
M. De Gucht a souligné qu’il y a avait eu « une grande transparence des autorités iraniennes sur ce qu’elles faisaient » pour obtenir cette libération, ainsi que « des échanges d’information ».
« Nous avons appris à travailler ensemble », a-t-il ajouté.
Le porte-parole du chef de la diplomatie belge avait indiqué vendredi à l’AFP que M. Boeve, ses parents et M. De Gucht resteraient en Iran jusqu’à dimanche, avec un retour à Bruxelles prévu en fin de journée.
Le ministre iranien a expliqué que cette libération était le fruit « d’un ensemble d’actions cohérentes, dont une partie de négociations intensives ». « Comme vous le savez, la police et les forces de sécurité ne nous révèlent jamais leur procédure », a-t-il ajouté.
De son côté, M. De Gucht a confirmé que la Belgique contribuerait à un programme de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC) en Iran, pour un montant de 500.000 euros.
Il avait assuré vendredi qu’il ne s’agissait pas d’une « compensation », et a précisé samedi soir que ce don visait à « remercier l’Iran de sa lutte contre le trafic de drogue ».
M. De Gucht avait expliqué que la libération avait été « une affaire purement iranienne » et s’était déroulée « sans intervention de l’armée ».
« Nous n’avons pas directement négocié » avec les ravisseurs, avait-il assuré, expliquant toutefois que les ravisseurs avaient pris contact à huit reprises avec la famille du jeune homme.
Selon lui, le haut représentant pour la politique étrangère de l’Union européenne, Javier Solana, la présidence portugaise de l’UE et le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, sont intervenus dans ce dossier.
Stefaan Boeve, originaire d’Alost (centre), avait été enlevé alors qu’il se rendait avec sa compagne vers Zahedan, capitale de la province de Sistan Balouchistan.
Cette dernière, qui jouxte le Pakistan et l’Afghanistan, est réputée comme peu sûre. Depuis 1999, au moins six cas d’enlèvements d’étrangers ont été enregistrés dans cette région désertique ou semi-désertique, misérable et infestée de brigands, à la croisée des routes de la drogue venues du Pakistan et de l’Afghanistan.
La plupart de ces enlèvements a trouvé une fin heureuse, à l’exception du cas d’un Allemand tué en février 1999. Parmi les six cas d’enlèvement enregistrés depuis 1999, au moins deux étaient motivés par la volonté d’obtenir la libération de prisonniers.