AFP, Paris, 19 janvier – Alors qu’ils étaient divisés sur le dossier irakien, les pays européens ont écarté ensemble mercredi toute option militaire contre l’Iran, évoquée par le président américain George W. Bush, insistant sur la nécessité d’un règlement diplomatique à la question du nucléaire iranien.
Il n’y a pas « d’alternative » aux pourparlers menés avec Téhéran pour empêcher une « militarisation nucléaire » de ce pays, a affirmé le porte-parole du gouvernement allemand Belan Anda.
« Ces pourparlers se mènent en étroite coordination aves les Etats-Unis », a-t-il ajouté.
La France, l’Allemagne et le Royaume-Uni négocient depuis la mi-décembre avec l’Iran pour obtenir un accord à long terme dans lequel Téhéran renoncerait définitivement à toute ambition nucléaire militaire.
Dans l’attente d’un tel accord, les Européens ont obtenu de l’Iran une suspension des activités d’enrichissement d’uranium qui peuvent avoir une finalité militaire.
« Ceux qui pensaient que nous ne serions pas capables de négocier quelque chose de substantiel avaient tort. Ceux qui pensaient qu’on ne pourrait pas établir un certain niveau de confiance avec les Iraniens tout en ayant un solide consensus avec les Etats-Unis et les pays non alignés avaient tort », a affirmé le secrétaire au Foreign office Jack Straw.
« Cela a demandé un travail phénoménal mais, jusqu’ici, ça marche, note-t-il encore. Et c’est une meilleure stratégie que l’alternative », par allusion à l’option militaire.
Dans un entretien lundi à la télévision américaine NBC, M. Bush avait affirmé: « J’espère que nous pourrons résoudre ce problème d’une manière diplomatique, mais je n’écarterai jamais aucune option ».
L’hebdomadaire New Yorker assure de son côté que des commandos américains sont infiltrés depuis l’été 2004 en Iran pour reconnaître des cibles nucléaires et chimiques potentielles. Il fait dire à un ancien haut responsable des renseignements américains que « bientôt, nous assisterons à la campagne d’Iran ».
Le Pentagone a démenti catégoriquement.
La secrétaire d’Etat désignée, Condoleezza Rice, a cité l’Iran parmi les « postes avancés de la tyrannie », deux ans après que ce pays eut été cité par le président américain comme un membre de « l’axe du mal », avec l’Irak -qui a, depuis, été envahi- et la Corée du nord.
Tout en prônant une « action internationale concertée », Mme Rice a maintenu la menace de saisir le Conseil de sécurité de l’Onu du dossier nucléaire iranien. « Dans un premier temps », a-t-elle dit.
L’Iran, qui n’a pas de relations diplomatiques avec les Etats-Unis, a réagi en évoquant précisément le dialogue avec l’UE. Pour le porte-parole des Affaires étrangères Hamid-Reza Assefi, ces déclarations ont « pour objectif de saper les discussions constructives entre l’Iran et l’Union européenne sur le nucléaire en affirmant qu’elles ne marchent pas ».
« La menace de nos ennemis étrangers ne nous fait pas peur, ils savent bien que l’Iran, pays historique d’islam, avec son antique civilisation, n’est pas un lieu bien choisi pour les aventures », a déclaré l’ancien président Akbar Hachémi Rafsandjani.
La France a elle aussi insisté sur la poursuite du dialogue. « Nous sommes actuellement en négociation avec l’Iran sur la question de son programme nucléaire. Cette négociation se fait avec nos partenaires allemands et britanniques, en parfaite concertation avec les Etats-Unis et avec nos autres partenaires européens », a rappelé Cécile Pozzo di Borgo, porte-parole adjointe du quai d’Orsay.
La Russie, qui coopère avec Téhéran dans le domaine nucléaire en construisant la centrale de Bouchehr (sud de l’Iran) rejette l’éventualité de la guerre.
« Je n’estime pas possible de parler, même de manière hypothétique, de la situation qui pourrait apparaître si quelqu’un décidait de recourir à d’autres moyens » que la diplomatie dans cette crise, a affirmé le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov.
Les pays européens écartent l’option militaire contre l’Iran
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