IranDroits de l'homme"Au Revoir": Rasoulov coincé en Iran, salue la Croisette...

« Au Revoir »: Rasoulov coincé en Iran, salue la Croisette à distance

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AFP: Par Anne CHAON – Mohamed Rasoulov, coincé en Iran, aura raté la présentation de son film « Au revoir » à Cannes. C’est son actrice Leyla Zareh qui s’est chargée de saluer la Croisette, en espérant que le cinéaste soit reconnu « à sa juste valeur ».

« Quand quelque chose ou quelqu’un m’est cher, j’en prends soin: quand on a quelqu’un comme lui (Rasoulov), un très bon cinéaste, on aimerait bien pouvoir le présenter au monde entier et que le monde soit témoin de sa juste valeur », a déclaré la jeune femme dans une interview à l’AFP.

« En tant que comédienne, je suis heureuse de le soutenir à travers mon travail », a ajouté l’actrice par le biais d’une traductrice.

A 37 ans, Mohamed Rasoulov est sous le coup d’une peine de six ans de prison dont il a fait appel: condamné en décembre en même temps que son compatriote et aîné, le cinéaste Jafar Panahi (50 ans), il est comme lui assigné à résidence à Téhéran. Tous deux ont été accusés de propagande hostile pour un film dont la seule perspective a hérissé les autorités.

Tous deux ont cependant réussi à faire parvenir jusqu’à Cannes, dans le plus grand secret, leurs derniers films réalisés dans la semi-clandestinité au cours de l’hiver.

Dans « Au Revoir », Rasoulov suit une jeune avocate de Téhéran en quête d’un visa lui permettant de quitter le pays. L’occasion pour lui de raconter la société urbaine contemporaine, le quotidien des femmes aussi, le sentiment d’oppression et d’enfermement.

« Ce n’est pas moi qui ai écrit le scénario, mais j’étais ravie de jouer ce rôle, de transmettre ce message », explique Leyla Zareh sur une terrasse ensoleillée surplombant la baie de Cannes, la tête à peine voilée de vert pâle.

De ce tournage pas comme les autres, elle garde surtout en mémoire cette « inquiétude à chaque instant qu’il soit de nouveau convoqué, ou arrêté ».

Pour protéger Rasoulov, poursuit-elle, « on a compris qu’il fallait qu’on participe tous, nous les acteurs et actrices d’Iran: certains, parmi les plus connus, sont venus même pour un tout petit rôle, juste pour le soutenir ».

Le tournage n’a pas été interdit par les autorités, puisqu’une bonne partie des scènes se passent en extérieur dans la capitale; mais les dialogues tournés en intérieur ne correspondaient pas exactement au projet déposé initialement, indique le distributeur du film, James Velaise (Pretty Pictures), qui en a acquis les droits internationaux en début de semaine.

Une copie DVD avait été montrée à Thierry Frémaux, le directeur délégué du festival, qui l’a retenu en sélection officielle dans la section Un Certain Regard et l’a annoncé à l’avant-veille du Festival.

« Le film est arrivé d’Iran à Bruxelles dans les bagages d’une personne qui a eu la chance de ne pas être fouillée. On a eu très peu de temps pour effectuer le sous-titrage », raconte James Velaise, qui correspond avec Rasoulov par l’intérmédiaire d’une comédienne iranienne amie.

Sa société avait déjà acquis les droits du précédent film de Rasoulov, « The White Meadow », plus difficile d’accès à un public étranger à la culture iranienne, estime-t-il. « Mais avec +Au Revoir+, la critique de la société actuelle est beaucoup plus directe, il cogne carrément ».

D’ailleurs, ajoute-t-il, selon son épouse, Rasoulov a été de nouveau convoqué par la Cour d’Appel dont il attend le verdict, au moment même où le film était projeté à Cannes. Avant d’être relâché, sans plus de nouvelles.

 

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