AFP: Le blogueur Sattar Beheshti, opposant au régime, est décédé dans une prison iranienne. Les organisations de défense des droits de l’homme dénoncent des actes de tortures qui seraient à l’origine du décès. Une enquête a été ouverte par les autorités.
La mort suspecte, en détention, du blogueur Sattar Beheshti, a créé l’embarras jusqu’au sein du régime. Elle a déclenché l’arrestation de « plusieurs personnes » par la justice iranienne. Le procureur général de Téhéran Abbas Jafari Dolatabadi a annoncé, mardi, l’ouverture d’une enquête. « Une enquête méticuleuse a été menée sur tous les aspects de l’affaire, sur ordre spécial du chef du pouvoir judiciaire, l’ayatollah Sadeq Larijani », avait indiqué dimanche le Conseil supérieur des droits de l’Homme, qui dépend du pouvoir judiciaire.
Le procureur général du pays, Gholamhossein Mohseni Ejeie, a indiqué lundi qu’on avait retrouvé le 3 novembre le corps sans vie de l’opposant iranien, arrêté le 30 octobre, en lui amenant son déjeuner dans sa cellule.
Torturé en détention
La justice a promis « des poursuites rapides et décisives contre quiconque impliqué délibérément ou par négligence » dans la mort, à l’âge de 35 ans, de Sattar Beheshti.
Des militants de l’opposition estiment que le blogueur, qui critiquait sur internet le régime iranien, a été torturé à mort en prison. Une version soutenue également par Amnesty International, qui souligne que Sattar Beheshti avait porté plainte contre les sévices dont il était victime.
Le scandale de la prison Kahrizak ressurgit
Les responsables de la justice ont assuré que Sattar Beheshti était détenu à la prison d’Evine et non à Kahrizak au sud de la capitale comme l’affirment des groupes d’opposition. Pourtant, selon Amnesty international, c’est à Kahrizak que l’on a demandé à famille de venir chercher sa dépouille.
En juillet 2009, trois opposants détenus au centre de Kahrizak étaient morts des suites de sévices infligés par des gardiens. Le centre de détention avait alors été provisoirement fermé sur ordre du Guide suprême Ali Khamenei et plusieurs de ses responsables avaient été traduits en justice.
La mort de Sattar Beheshti a provoqué des réactions indignées au sein même du régime. La justice aurait dû s’occuper « des agents coupables et des juges impliqués dans l’incident de Kahrizak », a ainsi déploré mardi le conservateur Mohammad Dehqan, membre de la commission parlementaire de la Justice. Il a en outre exigé une explication de la police pour le « traitement » qu’elle a réservé à Sattar Beheshti, s’inquiétant des « actions passées des forces de l’ordre qui ont terni la réputation du régime ».
Des centaines d’opposants -responsables politiques, journalistes, blogueurs, avocats, militants des droits de l’Homme, syndicalistes, cinéastes- sont détenus en Iran, notamment le réalisateur Jafar Panahi et l’avocate Nasrin Sotoudeh, qui ont reçu le prix Sakharov le 26 octobre.